Les éléments du commissariat central de police de Saint-Louis et ceux de l’île ont interpellé, dans la nuit du jeudi au vendredi, une embarcation d’émigration irrégulière.
Les 19 personnes qui étaient à bord ont soutenu qu’elles avaient été obligées de rebrousser chemin, parce que l’embarcation n’avait plus de carburant. Il s’agirait d’une arnaque.
Dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 août 2022, une source anonyme a informé les limiers du commissariat central de Saint-Louis de l’arrivée, sur la plage de Guet-Ndar, d’une embarcation de migrants irréguliers. Ayant eu la confirmation de cette information, ils se sont prépositionnés sur les lieux, attendant l’arrivée de l’embarcation. Celle-ci a débarqué vers les coups de 2 h du matin, en provenance des côtes marocaines. Il y avait à bord des dizaines de candidats à l’immigration irrégulière.
Dès qu’ils ont mis pied à terre, les policiers du commissariat central et de l’île de Saint-Louis se sont précipités sur eux. Ce fut la débandade. Mais selon nos interlocuteurs, les hommes de tenue ont réussi à interpeller 19 des candidats qui tentaient de quitter la langue de Barbarie pour rallier, pour certains, la gare routière, pour rentrer chez eux.
Interrogés sommairement, les candidats malheureux ont révélé aux enquêteurs qu’ils ont quitté le sud du pays, le 7 août, à destination des côtes espagnoles. Mais arrivés au large des côtes marocaines, le capitaine de la pirogue les a informés que le carburant restant ne pouvait pas assurer le voyage jusqu’en Espagne et qu’il fallait rebrousser chemin pour ne pas courir le risque de mourir en pleine mer. Ils ont alors décidé d’accoster sur les côtes les plus proches. C’est ainsi qu’ils ont été conduits à Saint-Louis.
Interrogés sur leur nombre au départ de l’embarcation, ils ont déclaré qu’ils étaient environ deux cents personnes dans la pirogue. Les autres se sont fondus dans la nature.
Trois personnes soupçonnées d’être des proches du convoyeur
L’enquête a aussi montré que les candidats sont pour la plupart de nationalité sénégalaise ; les autres sont de nationalité gambienne. Ils ont déboursé des montants qui varient entre 400 000 et 150 000 F CFA. S’agissant de leur convoyeur, les candidats malheureux, renseignent nos sources, ont soutenu ne pas le connaître, car ils ont tous traité avec des intermédiaires, durant les préparatifs au voyage.
Mais selon toujours nos informations, parmi les 19 candidats arrêtés, trois personnes sont soupçonnées par la police d’être des acolytes du convoyeur. L’un d’eux, indiquent nos sources, a été interpellé en possession d’un GPS ; un autre s’est présenté comme le capitaine. Les trois présumés suspects sont les nommés Hamsa, A. Fall et M. Faye. D’ailleurs, les enquêteurs ont eu la confirmation qu’ils sont des membres de l’équipage et non des candidats à l’émigration.
Arnaque bien organisée
Il y a lieu de noter que, selon une source proche de l’enquête, il s’agit, dans cette affaire, d’une arnaque bien organisée. Car, souligne notre interlocuteur, le convoyeur savait bel et bien, avant le départ, que le carburant ne pouvait en aucun cas assurer le voyage jusqu’en Espagne.
De plus, l’état de vétusté de la pirogue laisse croire qu’un drame a été évité de justesse. Les 16 candidats ont été remis en liberté, vu qu’ils sont des victimes devant la loi. Contrairement aux trois présumés capitaines qui sont toujours dans le régime de la garde à vue.
Ils devront être présentés au procureur, le mardi prochain, pour les faits de mise en danger de la vie d’autrui, association de malfaiteurs, traite de personnes.
Avec EnQuête