Après la mort de treize soldats français de la force Barkhane dans la collision de leurs hélicoptères, lundi soir dans le nord du Mali, les hommages aux victimes ont afflué dans les classes politiques des deux pays. Accompagnés, pour certains, d’une remise en cause de la présence de troupes françaises au Sahel.
En France, les plus hautes instances politiques et militaires – chef de l’État, ministre et chef d’état-major des armées – ont salué l’engagement des treize soldats morts dans l’accident.
À l’hexagone Balard, siège de l’état-major situé à Paris, on serre les rangs, mais l’émotion est vive ce mardi après-midi. «Nous sommes debout, unis, résiliants», affirme Florence Parly, ministre des Armées.
« Je m’incline aujourd’hui avec une profonde tristesse devant la mémoire de nos 13 camarades morts pour la France hier soir. Toutes mes pensées vont vers leur famille et leurs frères d’armes. » Général François Lecointre, chef d’état-major des armées.
Même unanimité dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale qui a respecté une minute de silence.
Enfin, l’émotion est vive à Pau, ville du sud-ouest où sept des militaires étaient basés, une minute de silence a été observée devant l’Hôtel de ville aux drapeaux en berne, à l’appel du maire François Bayrou.
Soutenue par la majorité, la droite et les socialistes, l’opération Barkhane est actuellement la plus importante opération extérieure de l’armée française avec 4 500 hommes déployés.
C’est en particulier du côté de La France insoumise que des voix discordantes se sont élevées pour interroger la pertinence de poursuivre cette opération, en cours depuis 2014.
Pour Jean-Luc Mélenchon, les six ans de présence militaire française sont un échec : «Il faut que le peuple malien soit maître de la décision. Ce n’est pas à nous les Français de décider ce qui est bon et ce qui ne l’est pas pour le Mali.»
Le parti d’extrême gauche demande donc un débat.
Un débat immédiatement balayé par le Premier ministre Edouard Philippe, interpellé à l’Assemblée : «C’est un très long combat dont la dimension militaire n’est pas la seule dimension, nous le savons parfaitement. Mais elle est indispensable.»
La question semble avoir trouvé un écho au Mali. Si le président Ibrahim Boubacar Keïta a rendu hommage aux militaires morts en rappelant les raisons profondes de leur présence…
Pour le porte-parole du gouvernement du Mali, Yaya Sangaré, un affaiblissement du dispositif français sur le terrain ne serait pas la solution.
Réaction également chez le voisin burkinabè, lui aussi en proie au terrorisme, en forte recrudescence ces derniers mois. Sur Twitter, le président Roch Marc Christian Kaboré a « salué » hier la « mémoire » des soldats disparus et «adresse (ses) sincères condoléances à leurs familles ainsi qu’à l’ensemble du peuple français».
Dans la soirée, Alpha Barry le ministre des Affaires étrangères burkinabè s’est dit rassuré par les propos de la ministre française des Armées estimant que l’heure n’est pas «au questionnement sur le bien-fondé» de l’engagement militaire au Sahel car selon lui l’engagement de Paris aux côtés des armées du Sahel dans la lutte contre le terrorisme est essentiel.
Avec RFI