Le prince héritier d’Arabie saoudite poursuit sa visite en France, au grand dam de plusieurs ONG qui tentent de se faire entendre, notamment en dénonçant les ventes d’armes françaises qui feraient des victimes civiles au Yémen. Un forum économique franco-saoudien est organisé à Paris ce mardi 10 avril. Au menu : culture, tourisme, investissements d’avenir et nouvelles technologies. Après le Royaume-Uni et les Etats-Unis, où il a signé de nombreux accords, le prince héritier cherche à courtiser les chefs d’entreprises français pour qu’ils viennent investir dans son pays.
En termes d’échanges économiques entre les deux pays, le bilan n’est pas très impressionnant. L’Arabie saoudite est le 21e marché à l’exportation de la France, même si elle est son premier partenaire dans le Golfe. Les achats français se composent presque exclusivement de pétrole, alors que le gros des exportations françaises repose sur l’aéronautique et le spatial. Loin derrière ce secteur : l’armement, les équipements électriques, l’agroalimentaire et les produits pharmaceutiques que les Saoudiens importent de l’Hexagone.
Les relations sont plus importantes en ce qui concerne les investissements directs étrangers. La France occupe la 3e place avec un stock de 12,4 milliards d’euros. Un montant modeste, car les entreprises saoudiennes de grande taille ouvertes aux participations étrangères restent rares. Du coup, la présence française se limite à l’immobilier, l’industrie chimique et pétrochimique. Les Français investissent aussi dans le transport, le commerce ou l’informatique.
A Paris, aucun accord mirobolant n’est attendu. Le président Emmanuel Macron cherche surtout à privilégier une nouvelle coopération avec le royaume, que Mohammed ben Salman prépare déjà à l’après-pétrole.
Réformes à marche forcée
Dans quelques semaines, les Saoudiennes auront le droit de conduire sur les routes de leurs pays, des cinémas vont prochainement ouvrir dans le royaume et des concerts ont été organisés ces derniers mois dans un pays connu jusque-là pour son rigorisme religieux. Ces changements spectaculaires sont attribués à Mohammed ben Salman, 32 ans, qui veut dessiner un nouveau visage de l’Arabie saoudite et qui pour cela s’appuie sur la jeunesse, dans un pays où la moitié de la population a moins de 25 ans.
« Il poursuit ce qui a été commencé dans le passé, mais il le fait à un rythme accéléré et d’une façon plus énergique et courageuse, explique Raedah Abunayan, membre du Majlis Al Choura, le Conseil consultatif saoudien dont les 150 membres sont nommés par le roi. Il appartient à la jeune génération et il parle à la jeune génération, il parle de technologies et il incarne une vision jeune de l’Arabie saoudite. »
Et le grand chantier de réformes du prince héritier s’appelle « Vision 2030 », un plan qui vise à propulser le royaume dans l’après-pétrole en ouvrant le pays aux investissements étrangers, en diversifiant l’économie et en introduisant en bourse une partie du géant pétrolier national Aramco, afin de constituer un fonds souverain de 2 000 milliards de dollars.