En Grèce, le procès du parti néo-nazi Aube dorée est entré dans une phase cruciale. Après quatre ans d’audiences, les prévenus comparaissent enfin devant la Cour pour l’affaire Pavlos Fyssas.
Ces derniers jours, les quatorze personnes accusées d’avoir participé au meurtre du rappeur antifasciste ont commencé à défiler à la barre. Avant la mort de cet artiste grec, le parti néonazi était déjà connu pour ses « ratonnades » violentes contre les immigrés et les militants de gauche, mais il bénéficiait d’une certaine impunité dans les médias grecs. Fin 2013, ce meurtre avait provoqué l’arrestation des cadres du parti néonazi, notamment le président d’Aube dorée, Nikolaos Michaloliakos. Ils ont ensuite été relâchés à la fin de leur période de détention provisoire. Avec les 18 députés de l’époque, ils sont notamment accusés d’appartenance à une organisation criminelle.
Dans l’affaire Pavlos Fyssas, le meurtrier a avoué les faits
Il s’agit de Giorgos Roupakias. Cet homme de 45 ans à l’époque des faits a reconnu avoir poignardé le rappeur. Il admit également appartenir à Aube dorée. Il serait membre de la cellule locale de Nikaia dans la banlieue du Pirée où a eu lieu l’attaque. Pour la partie civile, il s’agit de prouver qu’il aurait bien agi sur ordre de sa hiérarchie. Un des prévenus qui a témoigné ces derniers jours affirme avoir été menacé pour qu’ils n’impliquent pas cette cellule du parti dans l’attaque.
Mais ce procès concerne aussi d’autres affaires
Il y a notamment l’attaque de quatre pêcheurs égyptiens du Pirée en 2012 et la tentative d’homicide contre des membres du syndicat communiste Pame à Perama l’année suivante. Et aussi de nombreuses autres affaires considérées comme plus mineures. En tout, le dossier ferait plus de mille pages, avec 300 témoins et près de 400 jours d’audience. C’est un procès-fleuve réputé pour être le plus important du pays, depuis la fin de la dictature des colonels dans les années 1970.
Les prévenus montrent enfin leur visage
Les prévenus avaient jusqu’ici pu éviter de se rendre au tribunal, particulièrement les cadres du parti néonazi. Seuls leurs avocats étaient sur place. Une façon d’éviter les caméras, pourtant peu présentes devant le tribunal alors que le procès a jusqu’ici bénéficié d’une faible couverture médiatique à la télévision. Malgré cela, l’image du parti néonazi a été ternie comme l’ont montré les résultats aux élections.
En 2012, ils obtenaient 12% des voix. Aux élections européennes de mai dernier, ils ont culminé à près 5% des voix. Un pourcentage que l’on peut donc attribuer à la mauvaise image véhiculée par le procès, mais aussi à la montée d’un autre parti nationaliste, la Solution grecque qui a réussi à obtenir 4% des voix en faisant campagne sur l’opposition au nouveau nom de la Macédoine. Alors que les élections législatives anticipées prévues pour le 7 juillet approchent, les sondages créditent le parti néonazi d’un peu plus 3% des voix.