En Guinée, la contestation d’une éventuelle modification constitutionnelle pouvant ouvrir la voie à un troisième mandat d’Alpha Condé (81 ans), ne faiblit pas.
Une foule, scandant « amoulanfe » (« ça ne passera pas » dans la langue locale), s’étalant sur plusieurs kilomètres a, de nouveau, défilé ce jeudi dans les rues de la capitale Conakry, aux couleurs de l’opposition avant de se diriger vers le stade du 28 septembre.
« Nous avons réussi à mobiliser aujourd’hui un million et demi de Guinéens rien qu’à Conakry », a déclaré au milieu de la foule Fode Oussou Fofana, un chef de l’opposition et membre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile, qui mène la protestation.
« Personne n’a été payé pour venir », a-t-il ajouté, reprenant une accusation formulée contre les partisans du président Condé quand ces derniers avaient organisé leur propre manifestation la semaine passée.
Il y a deux semaines, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) avait déjà organisé des manifestations suivant le même itinéraire.
Cette nouvelle mobilisation s’annonçait à hauts risques, trois jours après la mort de trois jeunes, atteints par les balles des services de sécurité, selon l’opposition, à l’occasion des funérailles de onze autres personnes elles-mêmes tuées au cours du mouvement trois semaines auparavant.
Elle s’est finalement déroulée sans heurts. Des dizaines de 4X4 de la police et de la gendarmerie jalonnaient le parcours, canalisant une foule réclamant la « justice pour nos morts » et la libération des opposants emprisonnés.
Au moins 16 civils et un gendarme ont trouvé la mort depuis le 14 octobre et le début de l’intense contestation qui agite ce pays de 13 millions d’habitants, pauvre malgré des ressources minières considérables. Des dizaines d’autres personnes ont été blessées, des dizaines arrêtées et jugées.