En Haïti, la contestation contre le président ne faiblit pas : pour le deuxième dimanche consécutifs, des artistes parmi les plus populaires avaient appelé à manifester.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Les artistes ont été rejoints par certains groupes religieux. Alors que les activités du pays sont paralysées depuis plus d’un mois, la revendication première de la rue n’a pas changé : ses détracteurs exigent la démission immédiate de Jovenel Moïse.
Autour du prophète auto-proclamé Mackenson, la foule compacte oscille entre prières et slogans contre le président. À l’avant du cortège, Nelly Delmastet, 19 ans, porte chemise, cravate et pantalon de son établissement scolaire. Sur sa pancarte, il a simplement écrit : « je veux aller à l’école. »
« J’ai mis mon uniforme aujourd’hui, il est tout neuf et la première occasion que j’ai de le mettre, c’est dans une manifestation. Il faut que ça change, Jovenel : c’est pas bon ça. Mes crayons et mes cahiers sont tout neufs, mais on ne peut pas aller à l’école, il faut que ça change. »
Le cortège a été aussi motivé que diversifié. Pour Gerald François, c’est un signe d’une généralisation du ras-le-bol des citoyens.
« Tous les secteurs l’ont désormais révoqué. Regardez aujourd’hui, on voit les pasteurs, les avocats, les artistes. Quand un homme dit qu’il est président mais qu’il perd le contrôle du pays pendant plus d’un mois et demi, ça veut dire qu’il n’est pas président : le peuple est président et le peuple l’a révoqué. »
En fin de journée, la mobilisation citoyenne a été brusquement stoppée. Un des chars utilisés par les organisateurs de la manifestation a eu un accident. Le véhicule a foncé sur la foule. Au moins 16 personnes ont été blessées.
rfi