Epidémiologie du COVID-19 : un vrai casse-tête !

Pékin, le jeudi 13 février 2020 – Après avoir semblé marquer le pas ces derniers jours une révision des critères diagnostics de COVID-19, décidée par les autorités sanitaires chinoises a entraîné une explosion (apparente) du nombre de cas*.

Une nouvelle définition des cas qui fait bondir leur nombre
Jusqu’à présent le diagnostic des cas confirmés reposait sur la mise en évidence du virus par PCR sur des écouvillonages naso-pharyngés. Or, il apparaît que pour le SARS-CoV-2, si ce test est spécifique à 100 % sa sensibilité demeure inconnue et pourrait être faible « de 10 à 50 % » selon un expert gouvernemental chinois dont les propos sont rapportés dans le Financial Times. Sensible ou pas, les hôpitaux chinois souffrent en outre d’une pénurie chronique de tests, et l’aide ne viendra semble-t-il pas de l’extérieur alors que les CDC américains annoncent qu’ils renoncent à distribuer leur kit à l’international après l’observation de la “défaillance” de l’un des réactifs utilisés.

La nouvelle définition des cas (en Chine) consiste à considérer comme cas confirmé un patient présentant une radio évocatrice d’une pneumopathie après un contact étroit avec un autre patient (sans PCR). Des critères moins stricts qu’auparavant qui ne prennent pas en compte les patients asymptomatiques ou pauci symptomatiques et les autres causes de pneumopathies.

Compte tenu de cette nouvelle définition les autorités sanitaires chinoises recensent 59 822 cas (+ 15 137 en 24 h) et 1367 décès (+ 251 en 24 h). Ce changement, localisé à la Chine, n’a pas encore eu de conséquence sur le nombre de cas dans le reste du monde qui s’établit à 527 (+ 8 en 24 heures) et 2 décès.

A l’aune de cette nouvelle définition, l’Impérial College de Londres estime, lui, que le nombre de cas pourrait être 10 fois plus élevé…

Notons que les dirigeants chinois ont subsidiairement conclu de cette nouvelle définition « que les autorités de la province du Hubei sont totalement incapables de faire face à la situation, Ying Yong, jusqu’ici maire de Shanghaï et considéré comme un proche du président Xi Jinping, a été nommé secrétaire du Parti dans le Hubei » rapporte le correspondant du journal Le Monde.

Une Chine où plusieurs lanceurs d’alerte sur l’ampleur réel de l’épidémie aurait été « mis en quarantaine » selon le gouvernement et en réalité emprisonné selon les opposants.
Le malheur des touristes fait le bonheur des épidémiologistes
Mais l’épidémiologie réelle du SARS-COV 2 et du COVID-19 pourrait être connue de manière plus fine dans les prochains jours grâce aux mésaventures des touristes qui sont montés à bord du Diamond Princess qui est toujours en quarantaine au large de Tokyo. On compte, 10 jours après l’identification d’un premier cas, au moins 218 cas (confirmés par PCR…) sur 3 711 personnes. L’histoire extraordinaire de ce bateau pourrait en effet permettre de calculer, presque de manière expérimentale, la contagiosité, le taux d’attaque et la létalité (dans les conditions optimums de la médecine japonaise) de la maladie et du virus.

Finissons sur une note positive et les propos rassurants de l’Académie de médecine Française, que chacun appréciera selon son point de vue. Les sages de la rue Bonaparte ont ainsi tenu à « souligner l’importance qu’il y a à relativiser ce type d’épidémie. Si les chiffres fournis quotidiennement par les médias peuvent inquiéter, ils ne font qu’exprimer l’évolution d’une épidémie dans une population aussi importante et dense que celle de la Chine ».

Des propos résonnant avec l’actualité nationale alors que 2 des 11 patients hospitalisés dans l’hexagone, ont pu regagner leur domicile, considérés comme guéris et que la quarantaine va être levée pour les 181 premiers français rapatriés de Chine (peut-être prématurément si l’on tient compte des dernières données sur le temps d’incubation…).

*Notons en préambule que, contrairement à ce que le JIM avançait hier COVID-19 n’est pas le nom du virus responsable de l’épidémie actuelle, mais celui de la maladie qu’il entraine. Deux institutions internationales sont en effet à l’œuvre en la matière, l’Organisation mondiale de la santé qui a donné à la pathologie le nom de COVID-19 et le Comité international de taxonomie des virus qui a baptisé l’agent pathogène SARS-CoV-2. Le Monde ayant fait la même erreur, gageons que nos lecteurs nous pardonnerons.