Grande première en Équateur ! Les indiens Waorani ont obtenu une victoire judiciaire importante contre l’industrie pétrolière qui menace leur terre.
À une époque où les zones habitées par les tribus indiennes d’Amérique du Sud se réduisent comme peau de chagrin, c’est une décision exceptionnelle qui fera date !
La justice équatorienne vient de rendre un verdict qualifié d’historique, en donnant raison à la communauté indigène Waorani de Nemonpare, dans le combat que cette dernière menait contre un projet d’exploitation pétrolière qui devait être installé sur ses terres.
Les juges de la Cour de Pastaza – province amazonienne située au sud est de l’Équateur – ont ainsi considéré que les droits des autochtones avaient été violés, dans la mesure où la communauté n’a pas été consultée au préalable au sujet de ce projet d’extraction des ressources, baptisé « bloc 22 ».
Les Waorani obtiennent gain de cause dans leur combat contre un projet d’exploitation pétrolière Crédit photo : Rodriguo Buendia / AFP
Le jugement suspend donc l’arrivée de l’industrie pétrolière dans cette partie de l’Amazonie et pourrait même à l’avenir remettre en question l’exploitation des autres gisements, dont regorge le pays.
« Un précédent important pour l’Amazonie »
Arrivés dans la région à une date inconnue, les Waorani constituent l’une des 13 nationalités indiennes officiellement reconnues par l’Équateur.
Refusant le moindre contact pendant des décennies, ces indigènes qui se considèrent comme des « gardiens de la forêt » se sont toujours montrés hostiles aux colons, défendant leur territoire avec pugnacité. Ce n’est qu’en 1958 qu’ils ont dû se plier au pouvoir central, tout en conservant leur mode de vie ainsi que leurs terres ancestrales.
Si leur population n’excède pas les 5 000 personnes, les Waorani possèdent néanmoins un territoire de 8 000 km2 qui s’étend sur les provinces de Napo, Pastaza et Orellana.
Cependant, bien que la loi équatorienne reconnaisse leur souveraineté, les sous-sols demeurent propriétés de l’État et ce dernier finit toujours par obtenir gain de cause, lorsqu’il s’agit d’exploiter le pétrole.
En effet, si théoriquement les communautés indiennes doivent être consultées en amont des projets d’exploitations, elles n’obtiennent jamais de retrait.
Une consultation avait bien eu lieu en 2012 mais les indigènes affirment avoir été dupés par des mensonges de fonctionnaires, qui auraient tenté de les soudoyer en leur promettant des vivres.
Cette décision constitue donc une première dans le pays et fait office de « précédent important pour l’Amazonie », selon l’avocate Lina Maria Espinosa, qui représentait le défenseur du peuple ainsi que les 16 communautés Waoranis ayant déposé plainte dans ce dossier.
Le jugement a été salué par de nombreuses associations écologiques locales comme étrangères mais aussi par des personnalités engagées comme l’acteur Leonardo DiCaprio.