Jérémy Keryhuel participait ce week-end au Challenge international de Paris 2019 où l’Italien Alessio Foconi s’est imposé en individuel lors de la plus prestigieuse des 8 étapes de Coupe du monde de fleuret hommes. Jérémy Keryhuel qui a choisi de tirer pour la Côte d’Ivoire espère être présent en 2020 lors des Jeux olympiques de Tokyo. Il a répondu aux questions de RFI.
« J’ai vu l’affiche de Zorro et j’ai dit à mes parents : « je veux faire de l’escrime » ». Depuis l’âge de 5 ans, Jérémy Keryhuel vit avec une épée dans la main. L’escrimeur franco-ivoirien est aujourd’hui le seul représentant de la Côte d’Ivoire pour les épreuves internationales au fleuret. Âgé de 24 ans, celui qui a été 37e mondial (73e actuellement) rêve de participer aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Il pourra imiter Gwladys Sakoa qui avait représenté la Côte d’Ivoire en 2016 à Rio.
« Avec la Côte d’Ivoire, j’ai plus de liberté »
« J’ai eu de la chance de gagner des compétitions en étant jeune et j’ai pu intégrer le groupe France cadet et junior. Ensuite j’ai passé deux années avec les séniors avant de prendre la décision de concourir pour la Côte d’Ivoire », explique Jérémy Keryhuel.
La Côte d’Ivoire avait déjà tenté d’enrôler l’athlète en 2012. Mais il avait refusé pour continuer son éducation sportive. Aujourd’hui, le choix de la patrie de sa mère « est naturel » selon Jérémy Keryhuel. « C’est une bonne chose pour moi », avance celui qui est devenu athlète boursier du Comité olympique ivoirien depuis septembre 2018. Il poursuit : « Avec la Côte d’Ivoire, j’ai plus de liberté pour faire mes stages. Je voyage et je rencontre d’autres personnes. C’est difficile pour les dirigeants en Côte d’Ivoire de venir me voir, car pour beaucoup de sports les fédérations n’ont pas vraiment assez d’argent et moi je suis en compétition aux quatre coins du monde. Ils suivent mes résultats et on échange par mails. C’est une fédération jeune et il faut être patient. Mes parents me soutiennent aussi. »
« Une fois j’ai été accueilli à l’aéroport comme Didier Drogba»
Sur le continent africain, l’escrime est avant tout porté par les pays du Maghreb. Mais Jérémy Keryhuel espère que les choses vont changer. « Il va falloir du temps, car il faut des années pour faire un bon tireur, dit-il. C’est un sport difficile, on est seul et mentalement ce n’est pas évident. Il n’y a pas de tradition de l’escrime en Côte d’Ivoire. A chaque fois que je vais en Côte d’Ivoire, j’essaye de transmettre, d’apporter mon expérience. »
Ce qui est certain, c’est que Jérémy Keryhuel ne regrette absolument pas son choix : « Une fois j’ai été accueilli à l’aéroport comme Didier Drogba. On m’a donné des fleurs, il y a eu une conférence de presse. Je me suis senti impliqué ».
S’il rêve de Jeux olympiques, Jérémy Keryhuel se verrait bien aussi champion d’Afrique dès 2019. Un challenge pour cette nouvelle année.
Propos de Jérémy Keryhuel recueillis par Thomas Moulin
Rfi