La Cour suprême espagnole en charge d’enquêter sur la tentative de sécession du 27 octobre dernier a confirmé vendredi 23 mars la mise en détention provisoire de cinq leaders indépendantistes. Parmi eux trois anciens ministres régionaux, l’ancienne présidente du Parlement Carme Forcadell et enfin Jordi Turull, le candidat à la présidence de la région. Des rassemblements ont eu le soir même en Catalogne pour demander la libération de ceux que les indépendantistes appellent des « prisonniers politiques ».
Avec notre correspondante à Barcelone, Leticia Farine
Casseroles à la main, drapeaux catalans sur le dos ou foulard jaune – couleur de l’indépendantisme au cou – près de 10 000 manifestants se sont réunis dès 20 heures, sur l’emblématique place Catalogne de Barcelone. Réunis à l’appel de plusieurs institutions comme l’Association nationale catalane et Omnium Cultural, ils sont venus demander la libération des cinq nouveaux dirigeants indépendantistes incarcérés ce vendredi et de leurs quatre collègues emprisonnés déjà depuis plusieurs mois.
Pour de nombreux manifestants, comme Anna Garriga, 23 ans, la justice espagnole est corrompue. « La justice est de mèche avec le gouvernement, on le sait tous. C’est indignant car la seule chose que nous demandons c’est une véritable démocratie. Parce qu’ils sont en train de faire, c’est d’imposer leur loi, la loi du plus fort, ce n’est pas juste. C’est ce qu’il s’est passé sous Franco et nous ne voulons pas revenir à une dictature. »
Face à cet énième rebondissement judiciaire, Jaume 52 ans, est pessimiste. « Malheureusement, cela ne nous surprend plus, c’est une preuve de plus que la justice est pure science-fiction dans ce pays. C’est aussi une déception vis-à-vis de l’Europe. Faire partie de la communauté européenne ne sert à rien, elle devrait respecter la paix et la démocratie mais elle ne le fait pas. »
Dans un texte intitulé « Unis contre la répression », les organisateurs ont accusé le gouvernement espagnol de « vouloir réprimer la volonté populaire » et d’« incarcérer injustement des représentants politiques légitimes », « tous des gens de paix ».
rfi