Espagne: ouverture du premier procès des bébés volés du franquisme

En Espagne, le premier procès des bébés volés s’ouvre ce mardi 26 juin. Et ce, des années après ce scandale de nouveaux-nés soustraits à leurs familles, déclarés morts sans que l’on en leur fournisse la preuve et confiés à des foyers d’adoption, notamment sous le régime de Franco mais aussi après le retour à la démocratie. Un ex-obstétricien, Eduardo Vela, 85 ans, dénoncé depuis des années par des associations, devra répondre aux juges.

Entre 1936 et 1987 des milliers de nouveaux-nés ont été victimes de ce trafic. Et pour la première fois, l’un des protagonistes va devoir s’expliquer devant les juges. Eduardo Vela a 85 ans et était obstétricien à la clinique San Ramón. Dénoncé depuis longtemps par les associations, il est accusé par Inès Madrigal, âgée de 49 ans, de l’avoir séparée de sa mère biologique et d’avoir falsifié son acte de naissance. Le combat d’Inès Madrigal est aussi celui de nombreux enfants de la période franquiste, aujourd’hui adultes, pour connaître la vérité de leurs parcours.

Si Inès Madrigal a la chance de voir son cas traité par la justice, c’est parce qu’elle a pu bénéficier de l’aide et du témoignage de sa mère adoptive aujourd’hui décédée. Celle-ci a raconté de quelle manière le gynécologue-obstétricien lui avait proposé un bébé, conseillé de simuler une grossesse, puis avait établi des papiers officiels la reconnaissant comme la mère biologique du bébé.

En 2013, Eduardo Vela a reconnu devant le juge d’instruction avoir signé « sans regarder » le dossier médical qui indique qu’il a assisté à l’accouchement. C’était en juin 1969. Onze ans de prison ont été requis pour Eduardo Vela qui a demandé, sans succès, à ne pas assister aux audiences en raison de son grand âge.

Punir les «rouges»

Les bébés volés du franquisme sont nombreux. Selon les associations, ils seraient des dizaines, voire des centaines de milliers. Après la guerre civile (1936-1939), retirer les bébés à leurs mères était une manière de punir les opposantes, puis dans les années 50, ce sont les bébés nés hors mariage ou dans des familles pauvres qui ont plus particulièrement été victimes de ce trafic.

Jusqu’en 1987, des enfants ont été volés à leurs familles biologiques en toute impunité, avec la complicité de l’église catholique. Le procès qui s’ouvre est donc historique.