Les dix anciens secrétaires américains à la Défense se sont prononcés contre toute implication des forces armées dans la transition politique en cours, dans un article publié ce dimanche 3 janvier par le « Washington Post ».
Les dix anciens chefs du Pentagone, Ashton Carter, Leon Panetta, William Perry, Dick Cheney, William Cohen, Donald Rumsfeld, Robert Gates, Chuck Hagel, James Mattis et Mark Esper, ont appelé dans cette tribune le Pentagone à s’engager en faveur d’un transfert pacifique du pouvoir.
Leur appel intervient alors que le Congrès doit certifier ce mercredi 6 janvier que le démocrate Joe Biden a remporté l’élection présidentielle de novembre et doit succéder le 20 janvier au républicain Donald Trump. Mais le président sortant continue d’affirmer que c’est lui qui a remporté l’élection et que la victoire de Joe Biden, reconnue par les grands électeurs, a été obtenue par la fraude. Plusieurs dizaines de recours du camp Trump contre les résultats de l’élection ont été pourtant rejetés par les tribunaux américains ces derniers mois.
« Des efforts en vue d’impliquer les forces armées américaines dans la résolution de différends électoraux nous conduiraient dans un territoire dangereux, illégal et non constitutionnel », estiment les signataires, dont deux, James Mattis et Mark Esper, ont été nommés au Pentagone par Donald Trump. Ils déclarent que des responsables qui chercheraient à impliquer les militaires dans le processus de transition pourraient subir de sérieuses conséquences professionnelles et judiciaires.
Les signataires de l’appel, qui viennent des deux grands partis politiques américains, appellent le secrétaire à la Défense par intérim, Christopher Miller, et tous les responsables du Pentagone à faciliter la transition vers l’administration du président élu Biden. « Ils doivent aussi s’abstenir de toute action politique qui saperait les résultats de l’élection ou compromettrait la réussite de la nouvelle équipe », ajoutent-ils.
Le précédent de la guerre de sécession
À l’exception de l’élection en 1860 de l’élection d’Abraham Lincoln, suivie de la sécession des Etats esclavagistes du Sud et de la guerre civile, les Etats-Unis détiennent un nombre record de transitions pacifiques, relèvent les anciens secrétaires à la Défense. « Cette année ne devrait pas être une exception », insistent-ils.
Les signataires ne citent pas précisément la raison qui les a poussés à intervenir publiquement. Mais, à Washington, la classe politique a été dernièrement troublée par des informations de médias américains selon lesquelles la possibilité d’instaurer la loi martiale aurait été évoquée lors d’une réunion à la Maison Blanche. Ces informations ont été démenties par Donald Trump.