États-Unis: le chef de la police aux frontières démissionne en pleine polémique

John Sanders a annoncé son départ après que les terribles conditions de détention d’enfants migrants ont été révélées à la presse.

Dans un message adressé à ses agents, le chef par intérim de la police américaine aux frontières John Sanders a annoncé qu’il quitterait ses fonctions le 5 juillet. L’annonce de sa démission intervient quelques jours après la publication par Human Rights Watch d’un rapport sévère sur la situation de 250 mineurs isolés détenus dans le centre de Clint, près d’El Paso, au Texas.

« Quand les enfants sont arrivées dans la salle de réunion, nous n’en avons pas cru nos yeux, a rapporté dans une interview accordée à la chaîne MSNB Warren Binford, qui fait partie de l’équipe d’avocats qui a pu rencontrer ces enfants. Ils étaient malades, ils toussaient, ils étaient franchement sales et ils ont immédiatement commencé à nous parler du fait qu’ils avaient faim. Les enfants ont aussi décrit leurs chambres. Un garçon nous a dit que lorsqu’il est arrivé, il y avait plus de trois cent enfants dans la même pièce. Personne ne s’occupe de ces enfants directement, ils sont enfermés dans leur cellule 24 heures sur 24. Il y a des toilettes ouvertes dans beaucoup de ces pièces, il n’y a pas de savon, pas moyen de se laver les mains. On leur sert de la nourriture instantanée dans ces cellules et beaucoup d’enfants dorment par terre sur le ciment faute de lit ou de matelas. »

« Pour couronner le tout, a ajouté l’avocate, nous avons découvert que nous ne pouvions pas voir un certain nombre d’enfants car ils étaient trop malades. Et quand nous avons finalement eu accès à ces enfants par téléphone, on a appris leurs conditions de vie dans une pièce en quarantaine. Ces enfants malades, avec de fortes fièvres, sont sur des matelas posés à même le sol, très peu surveillés, enfermés tous ensembles depuis des jours. Ce ne sont pas des conditions auxquelles on peut s’attendre aux Etats-Unis. »

Le témoignage des avocats a suscité l’indignation du pays. Les enfants ont été évacués lundi soir, mais ce mardi une centaine d’entre eux ont finalement été contraints de retourner dans ce centre, faute de place ailleurs, indique notre correspondante à Washington, Anne Corpet.

Interrogé au sujet des conditions de détention de ces enfants, Donald Trump s’est dit « très préoccupé » tout en affirmant que ces conditions étaient de loin « bien meilleurs que celles qu’il y avait sous Obama ». « On essaye d’obtenir des démocrates qu’ils soient d’accord pour débloquer une  aide humanitaire. Ils vont probablement signer pour cette aide humanitaire », a ajouté le président américain.

Les démocrates à la Chambre ont finalement accordé 4,5 milliards de dollars  d’aide humanitaire pour les migrants à la frontière. Mais il n’est pas sûr que les républicains, majoritaires au Sénat, valident le texte : ils exigent qu’une partie de ce budget soit dévolue aux forces de l’ordre.

 

Rfi