Aux Etats-Unis, le Congrès doit se pencher cette semaine sur deux textes de loi concernant la politique migratoire. Depuis l’élection de Donald Trump, le pays applique une politique beaucoup plus sévère envers ceux qui passent la frontière clandestinement. La police de l’immigration est encore plus stricte depuis qu’une « tolérance zéro » a été décrétée le mois dernier. Mais les images d’enfants séparés de leur famille pour être placés dans des centres d’accueils, et les chiffres éloquents confirmant le phénomène choquent une partie de l’opinion. Ce dimanche 17 juin, même la première dame, Melania Trump est entrée dans le débat en disant elle aussi « détester » cette situation.
Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
L’intrusion de Melania Trump dans le débat public sur l’immigration a surpris car la première dame ne s’était encore jamais positionnée ainsi, et surtout pas pour dénoncer, même a minima, une politique vantée par le président. Est-ce une prise de distance morale avec son mari, avec qui elle ne partagerait déjà plus beaucoup de temps ?
Cela pourrait tout aussi bien être une opération de communication pour convaincre que, comme elle le souhaite, la Maison Blanche gouverne finalement « avec cœur », et que c’est plutôt le Congrès qui est à blâmer. Melania Trump espère ainsi que les « élus des deux camps pourront enfin tomber d’accord pour faire aboutir une réforme réussie de l’immigration ».
C’est aussi ce que dit Kelyanne Conway. Montée au front ce dimanche, la fidèle conseillère du président a une nouvelle fois manié l’ambiguïté qui, là encore pourrait traduire une forme de malaise à la Maison Blanche autant qu’une stratégie élaborée. « En tant que mère, en tant que catholique, en tant que personne qui a une conscience, je peux vous dire que personne n’aime cette politique. Vous avez vu le président à la télévision, il veut y mettre fin, a-t-elle déclaré. Mais il existe une loi depuis longtemps, qui dit que c’est un crime d’entrer illégalement dans ce pays. Alors s’ils n’aiment pas cette loi, il faut la changer. »
Ne serait-ce pas là le cœur de la stratégie de la Maison Blanche ? Rendre la situation insupportable pour forcer les républicains modérés sur la question à voter dès cette semaine un texte dur sur l’immigration. En échange de la fin des séparations forcées et systématiques entre les jeunes migrants et leurs proches, certains pourraient en effet se résoudre à limiter les conditions du regroupement familial ou à financer la construction d’un mur à la frontière.
rfi