Malgré les nombreux appels à la clémence et les contaminations au Covid-19 recensées chez des bourreaux après la dernière exécution fédérale, l’administration Trump a procédé jeudi à une nouvelle injection létale. Brandon Bernard, un Afro-Américain de 40 ans, a été exécuté pour avoir participé à un double meurtre en 1999, quand il était tout juste majeur, renseigne France24.
Déterminé à mener des exécutions jusqu’aux derniers jours de son mandat, le gouvernement de Donald Trump a procédé à une nouvelle injection létale jeudi 10 décembre, ignorant les appels à la clémence et l’irruption du Covid-19 chez les bourreaux.
Brandon Bernard, un Afro-Américain de 40 ans, a été exécuté pour avoir participé à un double meurtre en 1999 au Texas, quand il était tout juste majeur.
Un demi-million de personnes avaient signé des pétitions pour demander au président républicain de commuer sa peine en rétention à perpétuité, soulignant notamment son manque de maturité au moment du crime et sa bonne conduite en prison.
« À 18 ans et quelques mois, son cerveau n’avait pas fini de se développer », a notamment plaidé la star de téléréalité Kim Kardashian.
« De profonds remords »
Avec d’autres jeunes, il avait pris part à l’enlèvement d’un couple de pasteurs blancs, par la suite abattu et brûlé dans sa voiture. Certains des agresseurs avaient moins de 17 ans et ont échappé à la peine de mort. Deux sont déjà sortis de prison.
Mais l’auteur des tirs, Christopher Vialva, 19 ans à l’époque, et Brandon Bernard, qui avait mis le feu au véhicule, ont été condamnés à la peine capitale en 2000 par un tribunal fédéral, car le crime s’était déroulé sur un terrain militaire.
Le premier a reçu une injection létale en septembre au pénitencier de Terre-Haute, dans l’Indiana. Le second a subi le même sort jeudi soir après le rejet par la Cour suprême d’un ultime recours.
« L’exécution de Brandon est une tache sur le système judiciaire américain », a déclaré son avocat dans un communiqué. « Brandon a fait une erreur terrible à l’âge de 18 ans mais (…) il n’a jamais cessé de ressentir de la honte et de profonds remords pour ses actes. »
Les exécutions fédérales en hausse sous l’administration Trump
Il s’agit de la neuvième exécution fédérale depuis juillet, après la mise en sommeil de cette pratique pendant 17 ans.
Malgré la défaite de Donald Trump à la présidentielle – qu’il refuse toujours de reconnaître –, son gouvernement a planifié quatre autres exécutions d’ici la prestation de serment le 20 janvier du démocrate Joe Biden, opposé aux exécutions fédérales.
Depuis 131 ans, pourtant, la tradition veut que les présidents sortants sursoient aux exécutions en attendant l’arrivée de leur successeur.
« Le gouvernement n’est pas du tout en phase avec l’approche » de ses prédécesseurs, relève Ngozi Ndulue, directrice de recherches au Centre d’information sur la peine de mort (DPIC).
Il est tout aussi « décalé » vis-à-vis des évolutions dans le pays, où les nouvelles peines capitales et le soutien à la peine de mort sont à des plus bas historiques, ajoute-t-elle.
Mais surtout, note-t-elle, « il poursuit obstinément les exécutions au milieu d’une pandémie mondiale, c’est saisissant ».
Face au risque sanitaire, même les États les plus attachés à la peine capitale, comme le Texas, ont suspendu les exécutions.
Des bourreaux positifs au Covid-19
Le gouvernement de Donald Trump, lui, persiste, bien que six membres de l’équipe des bourreaux ayant participé à la dernière exécution fédérale aient été diagnostiqués positifs au nouveau coronavirus dans la semaine suivante, tout comme le conseiller spirituel du condamné.
Dans ce contexte, de plus en plus de voix (éditorialistes, experts de l’ONU ou encore évêques catholiques) condamnent son entêtement.
Tous ces condamnés ont commis des « crimes horribles », rétorque le ministre de la Justice, Bill Barr, qui assure se borner à « appliquer les peines déclarées par les tribunaux ».
Ngozi Ndulue souligne toutefois que les prisonniers exécutés cet été, alors que le pays était traversé par une large mobilisation antiraciste, étaient tous blancs, ce qui pour elle traduit « un choix discrétionnaire ».
À l’inverse, les derniers sur la liste sont, à l’exception d’une femme blanche, tous noirs, ce qui, pour la chercheuse, reflète la surreprésentation des Afro-Américains dans les couloirs de la mort.
Des « problèmes familiers » liés aux préjugés racistes dans le système pénal qui, déplore-t-elle, restent d’actualité même en temps « d’exécutions extraordinaires ».