Européennes 2019: quelle présidence pour la Commission de l’UE?

D’après les résultats encore provisoires des élections européennes, les quatre blocs pro-européens – conservateurs, socialistes, libéraux et écologistes – totaliseront 506 des 751 sièges du Parlement, une majorité confortable. Encore faut-il qu’ils parviennent à s’entendre, à commencer par la question des présidences de l’enceinte de Strasbourg, et bien sûr de la Commission.

Au lendemain du résultat des élections européennes, les tractations pour les présidences du Parlement européen et, surtout, de la Commission européenne, ont déjà repris. Mardi 28 mai 2019, un dîner des chefs d’État et de gouvernement sera consacré à ce thème.

Étant donné l’éclatement des forces au Parlement, le jeu paraît très ouvert. Les deux principaux partis européens, les conservateurs du PPE et les sociaux-démocrates, ont perdu chacun une quarantaine de sièges, ce qui fait qu’ils ne peuvent plus, à eux deux, composer une majorité.

Aux élections européennes, une vague écologiste

Difficile, dès lors, de dégager une coalition suffisante pour élire le futur président de la Commission européenne. Joseph Daul, le président du PPE, réclame que le poste revienne au chef de file de sa famille politique, le Bavarois Manfred Weber.

Mais en Allemagne, la CDU-CSU d’Angela Merkel a réalisé son plus mauvais score. Dans ce contexte, les centristes de l’ADLE, désormais troisième force, s’imposent comme un allié incontournable. Guy Verhofstadt, le président du groupe, a confirmé qu’il se plierait au jeu des Spitzenkandidaten (les têtes de liste, NDLR).

En revanche, ceux qui devraient être ses futurs alliés, les élus français de la liste macroniste Renaissance, sont sur une autre ligne. Le président français est opposé à ce système qui prévoit que le chef du file du parti arrivé en tête remporte la présidence de la Commission européenne.

Vers une poussée contenue des partis eurosceptiques

Emmanuel Macron prépare activement le dîner informel des chefs d’État et de gouvernement de mardi soir. Le chef d’État reçoit dès ce lundi soir le Premier ministre espagnol socialiste Pedro Sanchez, dont le parti est sorti vainqueur du scrutin. Il déjeunera mardi midi avec plusieurs chefs d’État et de gouvernement à Bruxelles.

Puis il s’entretiendra avec les dirigeants nationaux du groupe de Visegrad. Parmi eux, le Hongrois Viktor Orban, sorti largement vainqueur du scrutin dans son pays. Toujours membre du PPE, bien que suspendu en raison de ses dérapages, il ne soutient pas la candidature du candidat de son parti, Manfred Weber.

L’extrême droite en embuscade

Dans le même temps, à l’extrême droite, Matteo Salvini entend bien profiter de son succès –  avec 34% des suffrages en Italie, la Ligue passe de 5 à 28 eurodéputés – pour imposer son jeu et changer les règles de l’Union européenne. Mais il n’a pas encore détaillé comment il y parviendrait.

Certes, ce triomphe permet à Matteo Salvini de se poser en rassembleur des nationalistes, mais ce n’est pas gagné pour autant, au vu des divergences de vues entre certains partis.

Avec son allié Marine Le Pen et le Rassemblement national, la Ligue renforce quoi qu’il en soit considérablement le groupe ENL, Europe des nations et des libertés. Ce qui permet à ce groupe de se retrouver presque au même niveau que celui des Conservateurs et réformistes européens, où siègent les Polonais du PiS et les Britanniques du Brexit Party.

Matteo Salvini a d’ailleurs tendu la main à Nigel Farage mais, de toutes les façons, si les Britanniques quittent l’Union européenne dans quelques mois, l’ENL deviendrait le premier groupe nationaliste. Il va dès à présent chercher à rallier un certain nombre de petits partis du souverainisme et de l’extrême droite qui ont progressé dans de nombreux pays.

Enfin il reste une inconnue dans la recomposition de ce camp politique : le sort du Fidezs de Viktor Orban, même si, pour l’instant, il n’est pas prévu qu’il quitte le PPE.

 

Rfi