Viktor Orban et Matteo Salvini se sont retrouvés jeudi 2 mai à Budapest. À moins de quatre semaines des élections européennes, le Premier ministre hongrois, suspendu par sa propre famille politique, le Parti populaire européen (la droite européenne), n’a pas renoncé à rencontrer l’une des figures de l’extrême droite continentale, alliée à ce stade à Marine Le Pen. Pas de grande annonce, et affichage maximal de leur complicité.
Avec notre envoyée spéciale à Budapest, Anissa El Jabri
La mâchoire serrée le regard grave devant une clôture surmontée de barbelés un gigantesque dispositif anti migrants à la frontière avec la Serbie. Puis quelques pas dans la bonne humeur, la complicité souriante de deux leaders. Ces images et ces vidéos ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux italiens et hongrois et c’est la métaphore de l’alliance dont ils rêvent : celle de la droite et de l’extrême droite après les européennes. Une réalité pour le Premier ministre hongrois.
« En Italie, en Hongrie et en Europe, vous entrez avec la permission ! Pour défendre les frontières et la sécurité de nos enfants, le 26 mai, choisissez la Ligue », a tweeté Matteo Salvini.
Ce n’est pas Viktor Orban qui fait la ligne politique du PPE. L’allemand Manfred Weber, chef de file de la droite européenne, a adressé une sèche fin de non-recevoir à Viktor Orban. Que peut faire le Premier ministre hongrois ? Promis juré, dit-on à Budapest. Il ne prépare pas son départ pour grossir les rangs des nationalistes.
« Nous souhaitons être davantage respectés »
« Pour nous les Hongrois, la valeur la plus importante est la liberté. C’est pourquoi c’est nous qui décidons avec qui nous voulons collaborer. Ça, c’est notre principe de base. C’est avec plaisir que nous sollicitons les avis de tout le monde et que nous les écoutons, car nous sommes un pays amical. Mais quant à la décision, elle nous appartient », assure le Premier ministre hongrois.
Quant à cette rencontre avec Matteo Salvini, précisément ? « La situation est la suivante. C’est le peuple italien qui décide par qui l’Italie est dirigée, c’est le peuple hongrois qui choisit comment et par qui la Hongrie est dirigée. Et aujourd’hui, c’est le Premier ministre de la Hongrie qui a rencontré le vice-premier ministre de l’Italie, afin de discuter du futur de l’Europe. Nous souhaitons être davantage respectés », a-t-il poursuivi.
Le vice-chancelier autrichien d’extrême droite, Heinz-Christian Strache, est attendu la semaine prochaine dans la capitale hongroise. Marine Le Pen, elle, reste persona non grata. Son parti sent toujours le soufre pour les Hongrois. Les amis de Matteo Salvini ne sont pas forcément ceux de Viktor Orban.
Rfi