Le Sénégal a toujours su jouer magnifiquement sa partition dans le concert des nations. Partition souvent agrémentée de touches d’originalité (l’exception sénégalaise), qui nous valurent des marques d’attention et d’estime des communautés. De tous temps, quelques soient la tension des situations et le poids des enjeux en cours, le peuple a toujours su – raison garder -, pour préserver notre sénégalité.
C’est dire que l’an 2019, année électorale éponyme qui scintille avec ardeur, ne devrait être, ni meilleure, ni pire que celles précédentes qui sécrétèrent nos deux alternances politiques. Elle ne saurait être plus capitale et cruciale que celle de l’an 2000 où les enjeux étaient beaucoup plus vitaux : un pouvoir de (40 années de jouissance absolue) qui luttait pour sa survie, face à un peuple qui aspirait irréversiblement aux changements. Au sortir de ce premier scrutin (de tous les dangers) en ce début du (21 siècle), le monde entier nous tressa des lauriers.
Au nom de cette fraiche histoire contemporaine ; le jusqu’au boutisme alarmant qui bruit dans le landernau politique, reléguant au second plan toutes autres préoccupations socioéconomiques, doit être circonscrit et désamorcé à temps. Seul l’intérêt du Sénégal et des Sénégalais est omnipotent. Ainsi donc, aucune coterie ou individu, ne saurait se prévaloir de la qualité d’exécuteur exclusif des désidératas du peuple. Aucune ambition messianique ne saurait comprimer le droit et le devoir sacré de chaque citoyen sénégalais à donner son onction à celui et/ou au programme politique qui lui est soumis pour lui offrir les meilleures conditions de vie et de vivre en commun.
Ainsi donc, à quelques coudées de l’échéance du (24 février). Il y a lieu de rattraper ces « mal départ » (Mbaye Pekh (reporter turfiste) ; ou ces « faux départs » de la course présidentielle de 2019. La classe politique dans son entièreté a l’obligation éthique de redonner aux concertations et dialogues escamotées (selon l’avis de la majorité des sénégalais et des observateurs), leurs fonctionnalités régaliennes. C’est là, une exigence de ce contexte pré-électoral ambivalent où, rien ne rassure.
En cela, il y a lieu de revisiter la jurisprudence -Abdou Diouf- en la matière. En plein marasme socio-politique et économique impacté par les méfaits de la dévaluation du franc Cfa et des ravages de l’ajustement structurel, il prit sur lui « En toute lucidité », de provoquer la tenue de larges concertations inclusives politiques pour in fine, revigorer une démocratie hoquetante. « Pas une seule virgule ne serait changée de ces conclusions » rassura-t-il. Abdou Diouf bien que conscient du contexte sursitaire qui était le sien, mit sur la balance ses intérêts, face à une opposition ayant pourtant « le vent en poupe ».
Wade n’en fit pas moins. Au feu de la contestation sur son droit ou non à un (3) troisième mandat, il favorisa plutôt « un débat international d’experts constitutionnalistes » pour démêler l’écheveau juridique du contexte. Bien que, son souhait fut de se faire sanctionner (positivement ou négativement) par le peuple à l’aune de sa panoplie dénommée ‘’Weddi guiss bokku ci ’’ : un étalonnage de ses chantiers en (12 années) de gouvernance. Au préalable, il avait veillé à ce qu’aucun prisonnier politique, à fortiori, un candidat présidentiable ne soit retenu dans les liens de la détention. « Je ne ferais pas moins que Diouf quelqu’en soit l’issue ».
Présentement, les échos provenant du champ politique du candidat Macky Sall – le plébiscité de la Présidentielle de 2012 (né après les indépendances) ne rassurent guère. Son dernier propos lors d’une audience collective politique est détonant. : « 2019 c’est mon combat, ils ne savent pas à qui ils ont affaire ». Les mêmes propos furent repris, dans la soirée, lors de la signature d’un combat de lutte, à lui dédié par le nouveau promoteur de lutte de l’émergence, par un des lutteurs pour rappeler ses supporters à l’ordre, après un délirant tohu-bohu avec le camp adverse.
Au sortir des calamiteuses législatives de 2017, l’analyse et le diagnostic de la masse critique de déchets et d’imperfections électorales qui en découlèrent, auraient indubitablement permis de panser et de bonifier le substrat de notre code électorale – fruit de hautes luttes consensuelles-, sérieusement mis à mal (pour arracher la majorité parlementaire de la 13ème législature).
Mais au constat, rien n’a été fait pour gommer ces dérives qui balafrèrent ce miroir de la démocratie, patrimoine d’un peuple qui vote depuis 1848. Aucune once de changement pour abonnir cette hérésie électorale qui sera difficilement égalée.
Les postures de chiens de faïence restent toujours figées: la coalition présidentielle se cuirasse institutionnellement : vote (sans débat de la loi sur parrainage) ; reconduction du code électorale (malgré les immenses réserve des observateurs et de le l’opposition) ; le maintien du ministre de l’intérieur (partisan) récusé ; le contournement de l’arrêt de la juridiction communautaire et le maintien dans les liens de détention d’un candidat présidentiable ; le rejet et exil d’un autre présidentiable, bien que régulièrement inscrit sur les listes électorales ;
Bien en face, l’opposition vitupère avec vacarme, produit mémorandums et propositions, sensibilise, informe les foyers et cités religieux, déclament de dirimants plaidoyers aux méthodes unilatérales du pouvoir, auprès des représentations diplomatiques et ‘’amis du Sénégal’’.
Ce qui est affligeant, il semble que cela n’ait l’écho escompté. Dans ce contexte de ni guerre ni paix, aucun alternatif de conciliation d’envergure ne se signale pour rapprocher les parties belligérantes. Chaque jours, l’atmosphère se délétère davantage, infectée d’imprécations et de vétilles les unes plus toxiques que les autres.
Finalement, seul son Excellence peut stopper l’engrenage, à l’image de ses illustres prédécesseurs. Au retour de sobres et brèves vacances, il pourrait décider de sa propre gouverne, de remettre les compteurs à zéro pour marquer sa rentrée politique.
Après avoir levé son regard de sa seule ligne de mire un (2ème mandat) et regarder autour de lui en s’arrêtant sur ce lointain Zimbabwé où une Présidentielle s’y s’est tenue, les urnes vidées, un vainqueur proclamé, mais, à quels prix (meurtres et viols du scrutin) avec une jeunesse en ordre de bataille pour engager un combat incertain. Après avoir scruté la lointaine République Démocratique du Congo (RDC) en instance de redevenir une vaste poudrière, avec un président qui s’obstine à rempiler malgré le veto constitutionnel et qui, de surcroît, exile les légitimes présidentiables.
Après avoir regardé plus près de lui, ce pays frère frontalier – le Mali -, où, le seul parrainage agréé fut la sanction populaire (des 24 prétendants, seuls 2 franchirent la ligne). A coup sûr, le vainqueur sera respecté et adoubé par le monde entier.
Après avoir levé les yeux et regarder si près son ainé libéral Alassane Ouattara président de la Cote d’Ivoire qui, voulant apaiser sa nation toujours stigmatisée par un scrutin meurtrier, décida en ce jour de la fête nationale de l’indépendance, de gracier – Simone, la dame de Gbagbo Laurent-. «Il n’y a pas de sacrifice trop grand pour la paix de la Côte d’Ivoire» dira-t-il.
Suite à ce round-up d’une Afrique mitigée, certainement que son Excellence voudra bien redonner à notre ‘’Exception Sénégalaise’’, ses lettres de noblesse, en reconvoquant tous les acteurs à cet imprescriptible dialogue parrainé par leur seule conscience patriotique.
En dernière minute, Kabila Joseph, au nom de l’intérêt et de la paix de son pays, décide, de ne pas briguer le mandat de trop.
Moustapha DIOP