Artiste photographe sénégalaise, Fama Diouf a eu le déclic de sa passion pour la photographie sur son terrain de travail. À la suite d’un tremblement de terre en Haïti, au cours d’une mission humanitaire dans ce pays, elle découvre la photo et depuis elle ne la quitte plus. Pourtant, ses clichés, loin d’être macabres, racontent tout simplement la vie.
Pour sa première apparition, Fama Diouf dévoile « Haïti et ses visages » en noir et blanc à travers son baptême de collection photos. Elle annonce ainsi son penchant pour la photo en noir et blanc. Puis, viendront « Les albinos et la mode » ; sa participation au Salon de la femme musulmane avec des portraits et « Elle story », sa dernière exposition en date.
De l’humanitaire à la photo
L’aventure commence en 2010 lorsque Fama Diouf est mandatée par le Programme alimentaire mondiale des Nations Unies, au lendemain du séisme qui frappa Haïti. Rien ne lui présageait une carrière dans la photographie, elle, la diplômée en administration de réseau informatique et en communication. Elle apprend alors sur le tas, dans ce pays, avec les conseils de son mentor Alejandro Chicheri, explique-t-elle. Et depuis une dizaine d’années, Fama Diouf est fixée sur son objectif, avec à son compte, quatre collections qui ont été exposées entre Dakar (Sénégal) et Paris (France).
La photographie, ce métier d’homme, comme le pense grand nombre sous nos cieux, a du mal à être considérée comme un art à part entière. Les rares personnes qui le pratiquent en font leur gagne-pain en échangeant les clichés dans les cérémonies contre de la bagatelle. Alors, comment se faire une place en tant que femme ? Fama, telle une héroïne, reverse la tendance et façonne son style aux antipodes de ce que nous avons l’habitude de voir au pays de l’illustre Meïssa Gaye (considéré comme le « père » de la photographie au Sénégal).
L’œil féminin de la photo sénégalaise
Fama Diouf fait un contrepied remarquable à partir de son choix artistique de ne tirer ses clichés qu’en noir et blanc. Ce refus de la couleur est une manière d’uniformiser le regard, de taire tout ce qui est distinction basée sur l’origine ou la couleur de peau de ses modèles, pour certainement éviter le rejet et ne se fixer que sur l’œuvre et de ce qu’elle offre de plus beau, l’essence même de l’art.
Elle ose toutes les cultures avec une dose d’africanité, ne soyez pas surpris de voir dans ses œuvres un Zeus africain, un samouraï africain ou même La Mona Lisa à l’africaine. Pour éveiller les émotions devant ses tableaux, l’artiste joue sur son art de la pose et son sens de la mise en scène, car les clichés de Fama ne font l’objet d’aucune retouche, dit-elle.
Pour parvenir à ses mises en scène, la photographe collabore avec des artistes comme le styliste Enzo Itzaki ou avec les costumières Oumou Sy et Mame Fagueye Bâ.
« Elle story », les clichés de la maturité
Avec ses 38 tirages, « Elle story » est jusque-là, la plus grande collection de Fama Diouf. Ces œuvres, toutes inspirées de l’autre moitié du ciel afin de lui rendre hommage. Les magnifiques portraits ont été divulgués durant le mois de la femme et continuent d’offrir toujours un décor à la fois somptueux et artistique, dans un hôtel dakarois qui les abrite.
Ces œuvres mettent en valeur toutes les facettes de la femme. De celles traditionnelles aux modernes en passant par la muse, les femmes transformatrices, les reines, etc.
D’ailleurs « La femme wolof », en qui peut se reconnaître toute sénégalaise est sans doute l’un des plus spectaculaires portraits de cette collection. C’est un mélange d’une parole artistique incarnée liée à sa collaboration avec la costumière Mame Fagueye Bâ.
Le cliché est imposant avec son format 150×100 et accorde une place de choix aux teintures africaines, aux vêtement et accessoires traditionnels. A travers lui, un hommage à la grâce de la femme sénégalaise est fait avec une mise en beauté, toujours teintée de couleurs vives et de parures. Dans cet habillement, le costume nous rappelle les teinturières, une autre couche active de femmes entreprenantes et le pagne tissé non plus n’est pas anodin. Car occupant une grande place dans la culture africaine, sénégalaise en particulier, de la naissance à la mort.
Dans « Elle story », on surfe entre des photos studios scénarisées, fruits de collaborations artistiques et des clichés pris en pleine rue. Des diptyques et des triptyques vous donneront le sentiment d’un déjà vu ou éveilleront une familiarité avec les muses de l’artiste.
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Fama Diouf est le genre d’artiste audacieuse qui, en permanence, s’active à embellir ses œuvres avec une ingéniosité et un sens de la collaboration. Avec une technicité pareille, on est tenté de lui reprocher son refus d’embrasser dans son entièreté la couleur et à produire des clichés de paysages hors des studios ; surtout quand on vient d’un pays comme le Sénégal où l’environnement inspirant est si propice à faire germer de bons clichés.
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