Les juges de Strasbourg ont considéré que la suspension de l’ex-président de l’UEFA, entre octobre 2015 et octobre 2019, était « justifiée »
La décision était très attendue par Michel Platini. Selon nos informations, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg a rejeté, jeudi 5 mars, le recours déposé en décembre 2017 par l’ex-président de l’Union des associations européennes de football (UEFA).
Cette décision ne marque pas totalement la fin de la contre-attaque judiciaire de l’ancien numéro 10 des Bleus – une enquête est encore en cours en Suisse – mais elle constitue un revers pour celui qui n’a eu de cesse, depuis près de quatre ans, d’obtenir sa réhabilitation et de démontrer qu’il a été victime d’un complot de la part de plusieurs acteurs du football mondial.
Suspendu de toutes activités relatives au ballon rond jusqu’en octobre 2019 par la Fédération internationale de football (FIFA), M. Platini avait décidé de porter l’affaire hors de Suisse, où il avait épuisé toutes les voies de recours contre sa sanction. Cette suspension était « justifiée », a considéré la CEDH.
Le Français avait été radié huit ans, en décembre 2015, par le comité d’éthique de la FIFA, en raison d’un paiement « déloyal », selon le Ministère public de la Confédération helvétique (MPC), de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) que lui a fait, en 2011, le président de la FIFA Sepp Blatter. Sa sanction avait été réduite à six ans par le comité d’appel de la FIFA, puis à quatre ans, en mai 2016, par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne.
Contraint de retirer sa candidature à la présidence de la FIFA avant l’élection du 26 février 2016, M. Platini avait été entendu comme témoin assisté par le MPC, puis mis hors de cause, en mai 2018, par une lettre du parquet helvétique dans l’affaire du paiement des 2 millions de francs suisses. Contrairement à Sepp Blatter, lui-même suspendu six ans par la FIFA, l’ex-numéro 10 des Bleus avait ensuite fait appel devant le Tribunal fédéral suisse, qui l’avait débouté, en juillet 2017.
Plusieurs « violations » du droit européen ciblées par le camp Platini
« Je conteste par ce recours auprès de la CEDH l’ensemble des procédures de sanction de la FIFA et l’arbitrage du TAS », assurait au Monde l’ex-patron de l’UEFA après le dépôt de son recours.
« M. Platini, de façon très documentée, attend de la CEDH qu’elle sanctionne la Suisse pour avoir laissé agir sur son territoire des instances juridictionnelles, notamment la commission d’éthique et la commission de recours de la FIFA, mais aussi le TAS, qui manquent gravement d’indépendance par rapport à l’exécutif de la FIFA », expliquaient, en 2018, William Bourdon et Bertrand Repolt, les avocats de l’ex-capitaine et sélectionneur des Bleus.