Dans un rapport publié ce dimanche soir, le préfet de police Didier Lallement, mis en cause dans la gestion catastrophique des flux de supporteurs aux abords du Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions, se dédouane de toute responsabilité.
Tout le monde se renvoie la balle. La préfecture de police, l’UEFA, la FFF, le club de Liverpool. Dans un rapport publié ce dimanche soir, le préfet de police Didier Lallement et les autorités françaises annoncent saisir la justice pour « fraude massive aux faux billets », à l’origine, selon eux, des graves dysfonctionnements aux abords du Stade de France, ayant entraîné un retard du match de trente minutes entre le Real Madrid et Liverpool. « J’estime nécessaire d’identifier les responsables de cette fraude massive aux faux billets » qui aurait pu, selon le préfet de police, « avoir des conséquences très graves pour la sécurité des spectateurs. »
Didier Lallement a décrit par le menu le déroulement de la soirée et l’enchaînement des difficultés, de la grève à la RATP « qui n’a pas permis le fonctionnement normal de la ligne B, accès naturel au stade », aux milliers de spectateurs avec un billet falsifié, « sans doute entre 30 000 et 40 000 personnes ».
Certains « essayaient de forcer les accès rendus inopérants par la présentation » de ces faux tickets, affirme-t-il. Puis, il pointe du doigt des jeunes non supporters, venus ajouter du désordre au chaos ambiant selon lui. « Ils ont été rejoints par 300 à 400 jeunes issus des quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis qui, profitant de la levée du point de filtrage, ont également tenté de forcer le dispositif. »
Face à ces accusations, le maire (PS) de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a demandé l’ouverture d’une enquête, afin « qu’elle puisse conduire l’État à revoir le cadre de pilotage et de commandement des grands événements dans notre pays. »
« Confronté à cet afflux massif de plusieurs dizaines de milliers de supporters sans billets valables, je ne disposais pas de réserves, l’ensemble des UFM (unité de force mobile) mises à ma disposition étant déjà déployées sur les fans zones et sur les sites de rassemblement festifs habituels au cœur de Paris », a expliqué le préfet de police, avant de souligner le « très bon déroulement de l’ensemble du dispositif mis en œuvre. »
Comme le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, Didier Lallement semble aussi rejeter une part de responsabilité sur les supporteurs de Liverpool. Mais le préfet en tire déjà des enseignements : il reconnaît un dispositif trop léger, et préconise, pour les prochains événements de cette ampleur, de passer de 10 à 18 UFM. « Si la configuration spécifique aux matchs du club de Liverpool qui conduit à des afflux massifs de supporters démunis de billets est très particulière, il me paraît néanmoins indispensable d’anticiper, sur les matchs à haut risque susceptibles d’attirer des publics difficiles, un dispositif d’ordre public plus lourd et en capacité de durer. »