La Fédération ivoirienne de football a saisi ce 13 décembre 2018 le Tribunal arbitral du sport (TAS) contre l’attribution au Cameroun de l’organisation d’une Coupe d’Afrique des nations 2021 pourtant promise à la Côte d’Ivoire. Ce bras de fer engagé devant le TAS n’est que le dernier épisode d’un dossier complexe concernant la réattribution des CAN 2019, 2021 et 2023.
Le 30 novembre 2018, en retirant l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2019 au Cameroun, la Confédération africaine de football (CAF) a-t-elle ouvert la boîte de Pandore ?
Deux semaines après cette décision attendue mais néanmoins lourdes de conséquences, une seule chose est certaine : les Camerounais étaient loin d’être prêts à organiser la phase finale de la CAN 2019, prévue du 15 juin au 13 juillet. Les premiers concernés commencent à l’admettre. Mais, pour le reste, le dossier ne cesse de se complexifier.
Organisation de la CAN 2019 : qui est candidat ?
C’est ce 14 décembre à minuit que l’appel à candidature pour remplacer le Cameroun s’achève. L’Afrique du Sud et l’Egypte ont officiellement déposé leurs dossiers. C’est une bonne nouvelle pour la CAF car ces deux pays disposent des infrastructures et moyens nécessaires pour abriter la première CAN à 24 équipes de l’histoire dans des conditions décentes. Ce n’est en revanche pas une surprise : ces derniers mois, Sud-Africains et Égyptiens ont manifesté de manière informelle leur souhait d’organiser la CAN 2019 en cas de défaillance camerounaise. Le président de la CAF lui-même avait cité ces deux pays comme des recours possibles.
La surprise est plutôt venue du Maroc, accusé par la presse camerounaise d’avoir fait du lobbying pour récupérer l’organisation du tournoi. Le ministre de la Jeunesse et des Sports du Royaume a assuré que son pays ne se présenterait pas. Une annonce qui semble avoir surpris au sein de la fédération marocaine de football, assure des médias locaux.
Pas de Maroc donc, et des doutes au sujet d’autres candidatures pour la CAN 2019. La fédération congolaise a certes envoyé une lettre d’intention mais sans l’aval (indispensable) du gouvernement de Brazzaville. Une source bien introduite à la CAF assure par ailleurs que le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie ont sérieusement songé à proposer une coorganisation.
CAN 2021 : la Fédération ivoirienne contre-attaque
Le deuxième versant de l’affaire concerne la CAN 2021 et c’est celui qui semble poser le plus de problèmes. Au vu des immenses investissements consentis par le Cameroun, la CAF a décidé de lui confier une édition promise à la Côte d’Ivoire. Si les Camerounais semblent s’être résolus à organiser le tournoi dans deux ans et demi, la fédération ivoirienne (FIF) refuse, elle, en contrepartie d’accueillir la CAN 2023 et veut conserver la CAN 2021.
La FIF a donc contre-attaqué ce 13 décembre 2018 en saisissant le Tribunal arbitral du sport (TAS), l’instance suprême en matière de litiges sportifs. Ce ne sont pas les autorités politiques mais footballistiques de Côte d’Ivoire qui ont décidé d’entamer un bras-de-fer avec la CAF. Ces dernières n’ont pas apprécié d’avoir été mises devant le fait d’accompli et d’avoir été sévèrement critiquées. Elles réfutent l’argument selon lequel leur pays ne sera pas prêt pour accueillir la phase finale en juin-juillet 2021.
CAN 2021 et 2023 : cacophonie au sujet des pays-hôtes
La confusion au sujet de ce « glissement » d’un pays-hôte à l’autre est monté d’un cran lorsque Musa Bility, un des membres du « gouvernement » (le Comité exécutif) de la CAF, a assuré que jamais le ComEx n’avait décidé de confier la CAN 2021 au Cameroun et la CAN 2023 à la Côte d’Ivoire. « On a pris la décision pour le Cameroun à six mois de la compétition, on ne peut pas décider deux ans avant pour la Côte d’Ivoire, a affirmé le Libérien au micro de la Radio télévision ivoirienne (RTI). Notre position aujourd’hui est très claire : le pays-hôte pour 2021, c’est la Côte d’Ivoire et la Guinée pour 2023. Tout autre chose qui a été dite n’implique pas le comité exécutif. Il n’a jamais décidé d’arracher la CAN à la Côte d’Ivoire ». Des propos que Musa Bility a confirmé à rfi.fr avoir tenu.
Ahmad, le patron de la CAF, et son 2e vice-président, Constant Omari, ont pourtant été très clairs à ce sujet, au micro de RFI. Ils se sont montrés en revanche très évasifs sur le sort de la Guinée. Le Congolais notamment a indiqué le dossier guinéen pour la CAN 2023 n’existait pas. Cette édition, il est vrai, avait été attribuée à la surprise générale par la précédente direction de la CAF. Elle n’avait fait l’objet d’aucun appel à candidatures, contrairement aux CAN 2019 et 2021, confiées au Cameroun et à la Côte d’Ivoire en septembre 2014. Des décisions qui font aujourd’hui l’objet de remises en cause aux multiples conséquences…
source:rfi