En plantant un triplé en vingt minutes pour son premier match officiel sous les couleurs du Borussia Dortmund, Erling Braut Hà¥land a confirmé ce que tout le monde savait déjà : ce gamin-là est un phénomène, aussi précoce qu’impatient. Chose dont Augsburg a fait les frais ce samedi, où le Norvégien de 19 berges a volé la vedette à son capitaine et concurrent supposé à la pointe de l’attaque des Schwarz-Gelben Marco Reus.
À l’heure d’évoquer Erling Braut Hà¥land, objet de toutes les curiosités depuis son nonuplé le 31 mai dernier avec la Norvège au Mondial U20, de toutes les convoitises après son début de saison ébouriffant avec le Red Bull Salzbourg et de tous les fantasmes dans le bassin de la Ruhr depuis sa signature au Borussia Dortmund cet hiver, son nouveau coéquipier Julian Brandt a plongé à contre-courant le 10 janvier dernier. Passé les banalités d’usage face aux médias, le milieu de terrain international allemand a ainsi veillé à réduire la pression entourant l’attaquant norvégien en réclamant aux observateurs « »du temps. Il se peut aussi que tout ne fonctionne pas toujours tout de suite »» . C’est probablement vrai, pour les gens normaux. Pas pour Hà¥land, qui n’est décidément pas fait du même bois que les autres gamins de son âge, 19 ans. Une piqûre de rappel s’imposait ? Augsburg, terrassé par un triplé du gaucher et renversé du même coup par le Borussia Dortmund (3-5), en a fait les frais ce samedi après-midi.
L’élève fait la leçon
Avec Hà¥land, les premières cette saison se célèbrent le plus souvent à coups de triplés. C’était le cas le 17 juillet, date de la première rencontre officielle du Red Bull Salzbourg à Parndorf en Coupe d’Autriche (1-7). Cela s’est vérifié deux mois plus tard face à Genk lors de l’entrée en lice du club autrichien en Ligue des champions, compétition qu’Hà¥land découvrait le même soir (6-2). Fallait-il pour autant risquer son PEL sur un nouveau triplé du natif de Leeds à la WWK Arena, théâtre de la 18e journée de Bundesliga ? Au regard de la feuille de match, non : le grand blond y figurant dans la rubrique « »Remplaçants »» , la pointe de l’attaque étant sans surprise réservée à Marco Reus, capitaine et deuxième meilleur buteur – à une unité de Jadon Sancho – des Schwarz-Gelben en Bundesliga cette saison avec huit buts. Bref, l’homme dans l’ombre duquel Hà¥land est supposé apprendre sagement.
C’est du banc, donc, que le nouveau numéro 17 du club allemand a vu Reus bouffer la feuille. Deux fois. Dès la huitième minute de jeu, sur un ballon il est vrai donné un peu dans le dos par Sancho. Puis juste avant la demi-heure de jeu, sur un centre en retrait de Witsel avec une reprise à bout portant – du tibia – qui a fui le cadre. Le score était, alors, encore de 0-0. Florian Niederlechner venait de le porter à 3-1 en faveur d’Augsburg quand Lucien Favre a sorti de sa manche, en désespoir de cause, son nouvel atout offensif. Trois minutes plus tard, le natif de Leeds faisait déjà apprécier son sens du déplacement et de la finition avec un appel latéral à la limite du hors-jeu et un tir croisé victorieux du gauche (3-2, 59e) sur une ouverture de Sancho. Suffisant pour redonner espoir au Borussia, revenu à égalité deux minutes plus tard grâce à un joli numéro de l’Anglais. Pas pour remettre dans le coup Marco Reus, privé dans la foulée du 4-3 par l’épaule de Koubek (62e) puis incapable de cadrer alors qu’il venait d’être trouvé seul au point de penalty par l’insaisissable Sancho (69e).
L’amour dure trois buts
Ce n’était, visiblement, pas un jour pour l’Allemand. C’en était un pour Dortmund et son phénomène, qui ne se gêna pas pour lui voler la vedette en s’offrant du droit un doublé servi sur un plateau par Thorgan Hazard (3-4, 70e). Puis en effaçant côté droit ses vis-à-vis d’un contrôle orienté, avant de conclure en force du gauche pour sceller le succès jaune et noir sur un service de… Reus (3-5, 79e). Signe que les deux larrons sont compatibles et que c’est ensemble, non l’un après l’autre, que Lucien Favre aura tout intérêt à les utiliser ? Il est évidemment trop tôt pour le dire, même si rien n’est jamais trop tôt pour le Norvégien, auteur de ses trois premiers pions en Bundesliga. La love story est lancée : trois buts, c’est déjà plus cette saison que Thomas Müller ou Kai Havertz (deux), la douceur du Bayer Leverkusen. Mais également plus, pour comparer avec des avants-centres – les deux Allemands jouant un cran plus bas -, que les Français Jean-Philippe Mateta (Mayence, deux) ou Anthony Modeste (Cologne, un). Un homme dont les talents de buteur ne sont plus vraiment à prouver outre-Rhin, où d’aucuns se demandent pourquoi il n’a jamais porté le maillot des Bleus.
Ces trois buts auront sans doute pour effet de filer quelques regrets supplémentaires à Leipzig, qui a eu le tort de vouloir jouer la carte de la patience. Avec un joueur qui, il est vrai, avait eu besoin d’une petite saison pour faire son trou en Norvège à Molde en 2017 et de six mois d’adaptation à Salzbourg en 2019. Ils auront, surtout, le mérite de tuer dans l’oeuf tout débat éventuel autour de la capacité du garçon à apprivoiser un championnat autrement plus exigeant que la première division autrichienne. Ces trois buts portent, par ailleurs, à 31 le nombre de réalisations du Norvégien en 2019-2020. Le tout en 23 matchs… Dont six de C1 où Hà¥land, sa grande carcasse et ses huit buts figurent déjà dans les livres de record. Inutile de dire que Paris, adversaire du Borussia Dortmund en huitièmes de finale de la C1 les 18 février et 11 mars prochains, est prévenu. Le PSG l’était déjà, et en a simplement obtenu à distance la confirmation. C’est toujours mieux que se faire administrer une piqûre de rappel par l’intéressé en personne.
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