France: création de l’Ofast, un office unique contre les trafics de drogue

C’est un big bang qui s’annonce en France, dans la lutte anti-drogue. Quatre ministres ont présenté ce mardi matin à Marseille la nouvelle organisation « anti-stup ». Plusieurs mesures annoncées sont annoncées : mise en place de l’amende forfaitaire en 2020, sensibilisation contre les méfaits de la drogue. Mais la grande nouveauté, c’est la refonte de l’organisme chargé de lutter contre le trafic. L’objectif : se rapprocher de ce qui se fait en matière d’anti-terrorisme, en mêlant renseignement et réponse policière.

Un montant de 3,5 milliards d’euros par an c’est le chiffre d’affaires estimé du trafic de stupéfiants en France, le plus gros marché criminel du pays. La réponse du gouvernement pour y faire face : une totale refonte des organismes de lutte contre la drogue. Cela passe par un changement de mentalité. L’objectif, c’est de faire travailler tout le monde ensemble pour éviter les querelles de services.

Concrètement, il y aura un nouvel office, unique, l’OFAST. Ses portes seront ouvertes aux douaniers, aux gendarmes, et aux magistrats. Il restera cependant dirigé par un commissaire de police, un chef de file. L’inspiration est claire : cette organisation est calquée sur ce qui se fait à la DGSI, le renseignement intérieur, en matière de lutte contre le terrorisme.

Christophe Castaner

@CCastaner

Avec @NBelloubet, @GDarmanin et @NunezLaurent, nous présenterons depuis , à partir de 11h15, le du Gouvernement.
🔴 Conférence de presse à suivre en direct sur 👉http://facebook.com/ministere.interieur 

Voir l'image sur Twitter
110 personnes parlent à ce sujet

Priorité au travail de terrain

Priorité sera donc donnée au travail de terrain en lien avec les services de police. Cette évolution permettra également de tourner la page de l’actuel office central pour la répression du trafic illégal de stupéfiants . Un office marqué par les scandales ces dernières années,et notamment l’affaire François Thierry. C’est le nom de son ancien patron, mis en examen en 2017, est soupçonné d’avoir lui-même participé à un trafic de drogue.

Initialement annoncé pour l’été 2018 par le président Emmanuel Macron lors de la présentation de mesures en faveur des banlieues, le plan « anti-stups », qui prévoit la création de cet office, a pâti des tempêtes politiques et sociales qui ont secoué l’exécutif depuis plus d’un an, entre affaire Benalla, démission fracassante de Gérard Collomb ou encore crise des Gilets jaunes.

Plusieurs sources proches du dossier ont également fait valoir que le plan avait fait l’objet d’âpres discussions entre ministères et administrations.

À Marseille, des militants associatifs sans illusions

Un centre social, à l’intérieur les ministres et élus locaux, à l’extérieur, des militants associatifs qui se sentent tenus à l’écart, comme Farid Zidane, constate notre reporterStéphane Burgatt, lors de la visite ministérielle.

« Je voulais écouter ce qu’il avait à nous dire, s’il mettait des moyens, ou s’il est venu faire le cinéma comme d’habitude, explique-t-il. Parce que les problèmes, tout le monde le sait, c’est quoi les problèmes dans les quartiers ? Le chômage, pas de structure sportive, culturelle, il n’y a rien. Quartier Nord, c’est le néant, on est laissé à l’abandon, on n’est pas considérés comme des citoyens apparemment. D’ailleurs la preuve, regardez, je ne sais pas pourquoi il ne nous laisse pas rentrer. »

« Intouchables »

Cette énième visite ministérielle, Anissa Chorfa n’en attend plus grand-chose, elle qui se sent déconsidérée. « Ils ne répondent pas à nos attentes, le taux de chômage des jeunes il est de 47%, le décrochage scolaire, les gamins quittent l’école pour aller du “chouf”, et je suis désespérée parce que finalement on est devenu les intouchables, les quartiers Nord », dit-elle.

Et ils n’ont pas manqué d’interpeller le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, sur leurs attentes. « J’espère que vous êtes venu les poches pleines, M. le ministre. Il faut embaucher des policiers, il faut des patrouilles », lance Farid Zidane.

« Ce que je peux vous dire, c’est que nous un plan de recrutement de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires pour travailler mètre carré pas mètre carré, cage d’escalier par cage d’escalier, pour que la République, elle soit partout chez elle », lui répond Christophe Castaner.

Rfi