Emmanuel Macron arrive le 22 octobre à Mayotte, première étape d’un déplacement de quatre jours dans l’océan Indien. Avant de rejoindre la Réunion d’où il repartira le 25 octobre, le président de la République a ajouté une séquence inédite pour un chef de l’État français, sur l’île de Grande Glorieuse. Une île de carte postale entre Mayotte et Madagascar, où la nature est préservée. Entre les problématiques d’immigration à Mayotte et de pouvoir d’achat à la Réunion, Emmanuel Macron veut aussi parler de biodiversité.
De notre envoyée spéciale,
C’est une petite surprise concoctée par l’Élysée. Une étape supplémentaire dans le périple du président de la République sur l’île de Grande Glorieuse, une toute petite île au large de Mayotte, à quarante minutes de vol au nord-ouest, à l’entrée du canal du Mozambique. Mais cette toute petite île a une caractéristique très importante pour Emmanuel Macron, c’est une île française sur laquelle aucun président n’a jamais posé le pied.
Il sera donc le premier à venir sur ce bout de terre au milieu de l’océan Indien, proche de Madagascar qui demande d’ailleurs à la France depuis 1973 la restitution des îles Éparses, dont font partie les Glorieuses. Le président malgache l’a redit à son homologue français récemment lors d’une réunion du Fonds mondial sur le sida à Lyon en octobre. Des pourparlers sont en cours pour essayer de trouver une « solution commune ».
De si petites îles, de si grands enjeux
Si ces îles suscitent beaucoup d’intérêt, c’est parce qu’elles possèdent de nombreux atouts. Les seules îles Glorieuses où se rend Emmanuel Macron, permettent à la France, alors qu’elles ne représentent qu’environ 7 km2 de terres émergées, de disposer de plus de 43 000 km2 d’eaux territoriales sous sa juridiction. Pour l’ensemble des îles Éparses, cela représente 640 000 km2 de zone économique exclusive. Cela permet à la France de posséder les deux tiers de la surface du canal du Mozambique, une zone stratégique notamment en raison du trafic des pétroliers, et donc d’être de ce fait un acteur régional important.
Ces îles ont aussi un potentiel économique et c’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent les revendications du gouvernement malgache : cette zone dispose d’importantes ressources halieutiques, ce qui en fait un espace privilégié pour la pêche. Et le sous-sol contiendrait d’importantes réserves d’hydrocarbures.
Macron veut protéger la biodiversité
Mais ces îles intéressent aussi et surtout les scientifiques, car elles constituent des écosystèmes de référence où la biodiversité est préservée. Pour le moment, les seuls habitants sont une quinzaine de militaires qui se relaient pour garantir la souveraineté de la France. Les récifs coralliens qui entourent les îles sont un champ d’observation unique pour les scientifiques qui étudient le réchauffement climatique. On y trouve des oiseaux, des mammifères marins, des tortues de mer qui viennent y pondre. Près de trois mille espèces marines ont été recensées. La pêche est interdite. Un parc naturel marin des Glorieuses a été créé en 2012. Il pourrait devenir une réserve naturelle. Ces îles sont un sanctuaire écologique.
Et c’est pour mettre cela en valeur qu’Emmanuel Macron a décidé de s’y rendre. Il est d’ailleurs accompagné de plusieurs scientifiques et de personnalités du monde associatif comme l’ancienne navigatrice Isabelle Autissier qui est aujourd’hui présidente du WWF-France. Emmanuel Macron s’est beaucoup investi dans le domaine de la défense de l’environnement. Au G7 de Biarritz, il avait lancé des initiatives pour lutter contre les incendies dans la forêt amazonienne. Il profite donc maintenant de ce déplacement sur l’île Glorieuse pour montrer que la préservation de l’environnement et de la biodiversité est une de ses priorités dans un cadre spectaculaire, idéal pour mettre en scène son action et envoyer des messages.
Mayotte et l’immigration clandestine
Avant cette parenthèse environnementale, Emmanuel Macron commence son déplacement par Mayotte. Sur cette île où l’immigration clandestine en provenance des Comores voisines, est une problématique majeure – 48% de la population est étrangère et 95 % de ces étrangers sont Comoriens – le président de la République vient voir la mise en œuvre de l’opération Shikandra qui a été présentée en août par la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Shikandra c’est, explique-t-on à l’Élysée, le nom d’un poisson plutôt gentil, mais qui mord quand on approche de son nid. Une image révélatrice d’un objectif : améliorer la surveillance en mer avec des bateaux intercepteurs et reconduire les clandestins à la frontière. Vingt-deux mille personnes ont ainsi été renvoyées depuis le début de l’année, un chiffre record, selon l’Élysée.
À Mayotte, Emmanuel Macron va donc afficher sa volonté de fermeté sur l’immigration qui vient de faire l’objet d’un débat animé à Paris.
rfi