Entre le Sénat et l’exécutif, rien ne va plus. La décision de transmettre à la justice les dossiers de trois collaborateurs d’Emmanuel Macron : Patrick Strzoda, le directeur de cabinet du président, Alexis Köhler, le secrétaire général de l’Elysée et Lionel Lavergne, le chef du groupe de sécurité du président, marque un nouveau point de friction entre la Chambre haute et la majorité présidentielle. Une situation qui fragilise le président et qui suscite beaucoup d’irritation chez LREM.
Aucun commentaire n’est venu de l’Elysée. Mais la Macronie est montée au créneau comme un seul homme pour dénoncer ce qu’elle considère une manœuvre politique du Sénat et une instrumentalisation des institutions à des fins politiciennes.
Boycott des questions au gouvernement et d’une conférence, interventions médiatiques outrées et nombreuses, la majorité a tout fait pour essayer de décrédibiliser les sénateurs, pourtant légalement dans leur droit et dans le respect de leurs devoirs.
Le Sénat saisit la justice des cas Benalla, Crase et de trois proches de Macron
Une riposte virulente sur la forme, mais pas vraiment de réponse sur le fond, sur les accusations contre les trois collaborateurs du président. On peut donc se demander si la stratégie de LREM sera suffisante pour détourner l’attention du soupçon de mensonge que le Sénat, où la droite est majoritaire, fait peser sur des hommes clefs du dispositif élyséen.
D’autant qu’avec ce nouveau clou dans sa chaussure, Emmanuel Macron qui avait promis une république irréprochable, un renouvellement des pratiques, se retrouve une nouvelle fois en porte à faux.
Le bras de fer entre le Sénat et l’exécutif, qui dure depuis des mois, prend donc une nouvelle dimension. Et les enjeux sont importants, notamment dans la perspective de la réforme institutionnelle souhaitée par le président. Il pourrait avoir envie de l’utiliser pour affaiblir le Sénat qui l’a défié.
Emmanuel Macron entouré par les problèmes
Alors qu’Emmanuel Macron espérait reprendre la main avec le grand débat – et sa remontée dans les sondages subséquente – c’est un nouvel écueil auquel il doit faire face. Ce, après que les violences du 16 mars aient rappelé que la crise ouverte par le mouvement des gilets jaunes n’était pas terminée et aient mis sur la sellette le ministre de l’Intérieur.
La décision du Sénat vient rajouter une couche de problèmes, en remettant en avant les dysfonctionnements de l’Elysée dans l’affaire Benalla. Ainsi qu’en ouvrant la porte à de potentielles poursuites judiciaires. Dans ce contexte, Emmanuel Macron pourrait donc perdre le bénéfice du grand débat.
Rfi