France: mort de Josette Audin, veuve de Maurice Audin, mort sous la torture

Il y a quelques mois, Emmanuel Macron lui demandait pardon pour la responsabilité de la France dans la mort de son mari, Maurice Audin, mathématicien, membre du Parti communiste algérien, torturé et tué par l’armée française en 1957, en Algérie. Josette Audin est décédée samedi, à l’âge de 87 ans. Quelques mois donc après une victoire, enfin : la reconnaissance et les excuses du président français pour la mort de son époux.

Josette et Maurice Audin se rencontrent en 1952 à l’université d’Alger. Les deux étudiants en mathématiques s’aiment, se marient, ont trois enfants et s’engagent contre la colonisation. Ils soutiennent l’indépendance de l’Algérie et cachent des militants dans leur appartement pour leur éviter d’être arrêtés. Jusqu’au jour de juin 1957 où l’armée française vient arrêter Maurice Audin, alors âgé de 25 ans.

A partir de ce moment-là, la vie de Josette Audin devient un long combat pour obtenir la vérité sur la disparition de son mari. Elle porte plainte en Algérie d’abord, mais l’amnistie qui accompagne les accords d’indépendance en 1962 balaie ses espoirs. Elle se tourne alors vers les autorités françaises, persiste face aux mensonges. Josette Audin ne baisse pas les bras et en septembre 2018, le président Emmanuel Macron vient lui demander pardon.

Quelques mois avant sa mort, Josette Audin a donc enfin obtenu reconnaissance. Elle qui n’a jamais renoncé malgré les plaintes classées sans suite, dans les années 1960 ou encore au début des années 2000, malgré les courriers aux différents présidents français restés lettre morte. Par amour et par idéal politique, Josette Audin révoltée par le colonialisme avait finalement remporté son combat.

Le député communiste Sébastien Jumel a rencontré Josette Audin à plusieurs reprises, l’a accompagnée dans ce combat pour obtenir la vérité sur la disparition de son mari. « Lorsque j’ai pour la première fois rencontré Josette Audin à l’Assemblée nationale, se souvient-il, j’ai mesuré à quel point c’était une femme courage, d’une grande humilité et avec un charisme et une force, une énergie contagieuse. Et puis j’ai eu la chance de vivre ce moment d’histoire où le président de la République est venu exprimer la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans l’assassinat de l’Etat français. Ce jour-là, j’ai mesuré aussi à quel point Josette Audin était espiègle, parce qu’elle a dit au président de la République : « Je vous remercie ». Il lui a répondu : « C’est à moi de vous demander pardon. » Et avec un brin d’ironie, elle lui a dit : « Je vous remercie tout de même. » »

L’historien Fabrice Riceputi est le fondateur du site 1000autres.org, consacré aux disparus de la guerre d’Algérie. Il salue le combat mené par Josette Audin pendant toute sa vie.

 

Rfi