Lors de sa quatrième allocution télévisée depuis le début de la crise, Emmanuel Macron a annoncé dimanche 14 juin la fin du premier acte du déconfinement. Tout le pays sera désormais en zone verte, les restaurants et commerces ouvriront normalement dans tout le pays à l’exception de la Guyane et de Mayotte où le virus circule encore trop intensément. Et à partir du 22 juin on assistera à un retour en classe pour la quasi-totalité des élèves.
Crèches, écoles et collèges rouvriront pour tous à partir du 22 juin, avec une présence « obligatoire », a annoncé le président de la République Emmanuel Macron. « Dès demain en Hexagone comme en Outre-mer, les crèches, les écoles, les collèges se prépareront à accueillir à partir du 22 juin tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normale », a-t-il déclaré.
Depuis le début du déconfinement, le protocole sanitaire très strict imposé aux établissements scolaires ne permettait d’accueillir que 15 élèves maximum par classe en primaire. Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer estimait à « plus de 50% » la proportion d’élèves qui avaient pu retourner à l’école – mais parfois une seule journée par semaine, un chiffre tombant à 30% pour les collégiens qui ont repris le plus souvent partiellement.
Ces derniers jours, de nombreux parents d’élèves ont fait part de leur impatience et épuisement, du fait du nécessaire suivi scolaire de leurs enfants alors que leur activité professionnelle reprenait de manière plus soutenue. Les directeurs et directrices d’écoles, en première ligne de la gestion du retour à l’école, se disaient « fatigués » d’être pris en étau entre les directives gouvernementales d’accueillir un maximum d’élèves, un protocole sanitaire qui les en empêche et la pression des parents.
Concilier gestes barrière et pédagogie
Francette Popineau, porte-parole du Snuipp-FSU, principal syndicat enseignants, se réjouit certes de ce retour à l’école mais s’interroge sérieusement sur les conditions de cette rentrée. « On a à la fois hâte de revenir à la normale, on trouve qu’il était temps de maintenir l’aspect obligatoire de l’école. Mais on s’interroge aussi sur quels protocoles allons-nous pouvoir mettre en œuvre. Parce que dans le même temps, le président dit que les gestes barrière doivent être conservés, notamment la distanciation. Comment allons-nous faire dans les classes, dans la cour ? Pour l’instant, nous sommes entre deux eaux. On ne voudrait pas que ces retrouvailles soient entachées par une deuxième vague épidémique. Il faut être prudent sur comment nous allons organiser les choses. Nous prenons beaucoup de risques pour seulement 15 jours. »
Du côté des familles, Rodrigo Arenas, le président de la FCPE, une association de parents d’élèves se félicite que l’école soit de nouveau obligatoire, mais pointe lui aussi le paradoxe de la situation. « Nous sommes un peu circonspects parce qu’on a entendu d’un côté que les gestes barrière doivent être maintenus, que les rassemblements ne doivent pas avoir lieu. Sauf que l’école est précisément un lieu de rassemblement et les gestes barrière sont difficiles à mettre en œuvre si le protocole sanitaire se maintient. Donc à moins de retirer l’intégralité du protocole sanitaire, comment l’école pourra tenir et accueillir tous les enfants tout en respectant les fameuses distanciations sociales. »
Après l’instauration de l’état d’urgence sanitaire et d’un confinement général de la population en mars, seuls les enfants de publics prioritaires (soignants, pompiers…) ont été accueillis en présentiel à l’école. D’autres élèves ont pu regagner les bancs de l’élémentaire et du collège à partir du début du déconfinement.
Selon les derniers chiffres du ministère, 1,8 million d’écoliers – sur un total de 6,7 millions – sont retournés à l’école mais rarement à temps complet. Au collège, ils sont 600 000 sur 3,3 millions.
Auteur : Rfi