France: un deuxième Forum sur la paix s’ouvre à Paris

La deuxième édition du Forum de Paris sur la paix se tiendra mardi et mercredi 13 novembre, dans le nord de la capitale française, en présence d’une trentaine de chefs d’État dont une dizaine venus spécialement du continent africain. Avant le coup d’envoi officiel de demain, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a prononcé, ce lundi, un discours d’introduction.
« Le monde se fissure. Quel État peut aujourd’hui réparer ces fissures, isolé du reste du monde ? », voilà le message adressé par António Guterres aux participants de ce Forum de Paris sur la paix, un rendez-vous qui a pour objectif la défense du multilatéralisme dans le monde.

C’est la deuxième fois que le secrétaire général des Nations unies y prend la parole. Il l’a déjà fait l’an dernier, pour la première édition, à l’occasion du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale.

Ce lundi, António Guterres dresse le portrait d’un monde confronté à cinq défis majeurs : une fracture économique, géostratégique et le risque d’un monde divisé en deux, entre la Chine et les États-Unis ; une fracture du contrat social qui se traduit par une vague de manifestations à travers le monde et une défiance envers les autorités ; une fracture de la solidarité marquée par un repli sur soi et dont les premières victimes sont les minorités ou les réfugiés ; une fissure, aussi, « entre notre planète et nous et une course contre la montre, pour sauver notre civilisation », a-t-il dit et, enfin, le risque d‘une fracture technologique.

Il s’agit là d’une vision sombre, celle d’un monde fragmenté dans lequel la seule solution, pour António Guterres, est bien la coopération entre États, entre puissances, entreprises et acteurs internationaux comme locaux. Et c’est bien là, le cœur de ce Forum de Paris sur la paix à savoir la défense du multilatéralisme.

La défense du multilatéralisme

La première édition de ce rendez-vous s’est tenue l’an dernier, à l’initiative du président français, Emmanuel Macron, et à l’occasion du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale. Cette année encore, responsables politiques, représentants d’organisations internationales et membres de la société civile se retrouvent avec, pour objectif, de défendre le multilatéralisme et d’évoquer les grandes questions de gouvernance mondiale.

Paix et sécurité, développement, éducation… ce sont quelques-uns des thèmes qui seront abordés à ce Forum de Paris sur la paix. Comme l’an dernier, l’objectif du Forum reste la défense du multilatéralisme mis à mal à travers le monde.

Les organisateurs attendent quelque 6 000 participants dont une trentaine de chefs d’État et de gouvernement. Parmi eux figurent une dizaine de dirigeants africains comme le Camerounais Paul Biya, le Tchadien Idriss Deby, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta ou encore le Congolais Félix Tshisekedi.

De très nombreuses organisations de la société civile sont également présentes à Paris pour des ateliers et débats. Mais la liste des invités ne convient pas à tout le monde, « c’est une belle opération de communication », dénonce Paul Quiles, ancien ministre de la Défense et président d »Initiatives pour le désarmement nucléaire (IDN). « Il y a des dizaines d’associations en France qui ne sont pas invitées ! Et qui ne participent pas au débat. Les mots désarmement, nucléaire, ne sont pas prononcés. C’est très dommage », s’indigne-t-il.

Une centaine de porteurs de projets ont été pré-sélectionnés dans des domaines comme l’inclusion de la jeunesse face à la crise au Sahel ou la prévention de la radicalisation au Kenya. Une dizaine d’entre eux bénéficiera d’un accompagnement pendant un an, car selon les organisateurs, le forum doit aussi servir à trouver des solutions aux grands problèmes de notre temps.

La position de la France est « un double discours total », selon Tony Fortin de l’Observatoire des armements. « Tant qu’on ne s’interrogera pas sur ce que fait notre pays dans un certain nombre d’endroits du monde, tel que l’Est africain ou le Yémen, quels sont ses positionnements à l’étranger et ses raisons, ce sera compliqué d’avancer », estime-t-il.

rfi