Une ZAD (Zone à défendre) s’est constituée sur le Triangle de Gonesse, un espace agricole de 300 ha en banlieue parisienne voué à un projet d’urbanisation, une future gare de métro, contre lequel protestent des militants qui occupent une partie du lieu depuis une dizaine de jours. Le tribunal de Pontoise doit décider ce mercredi si les lieux occupés doivent être évacués comme le demande l’Établissement foncier public d’Île-de-France à qui appartiennent les terres.
Sur cet espace en friche proche de l’aéroport de Roissy, les militants construisent de quoi habiter les lieux, rapporte notre envoyée spéciale à Gonesse, Alice Rouja. Ici, le salon juste à côté de la cuisine et des dortoirs, le tout construit avec des matériaux récupérés. Ses cheveux gris dans le vent, Nelly défend le maintien des terres agricoles : « Il faut savoir que cet endroit d’Île-de-France, c’est les terres les plus fertiles d’Europe. On plante du maïs, on n’a pas besoin de l’arroser, il pousse. Pourquoi gaspiller ces terres fertiles dans du bétonnage ? »
Sauvés de l’artificialisation par Emmanuel Macron, qui a abandonné le méga-complexe commercial et de loisirs Europacity en novembre 2019, le sort des quelque 300 hectares de terres agricoles situées à une quinzaine de kilomètres de Paris reste encore incertain.
Ceinture alimentaire
Les militants soutiennent le projet Carma : faire de ces terres fertiles une ceinture alimentaire. Des exploitations en agriculture biologique qui pourraient notamment alimenter les cantines scolaires et employer de la main-d’œuvre locale. « C’est incompréhensible, la difficulté qu’a le gouvernement à décider l’abandon de cette gare, s’indigne Bernard Loup, le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse. Il y a ce projet Carma, on ne comprend pas qu’on perde du temps pour une gare. Qu’est-ce qu’y aura ? Il y aura des entrepôts de logistique. Si c’est ça que l’on veut à la place du projet Carma, des entrepôts de logistique, qu’on nous le dise, au moins on saura pourquoi on se bat. »
Pour lui, si le tribunal de Pontoise décide d’évacuer les lieux, cela ne règlera pas le problème et n’empêchera pas les militants d’occuper les lieux coûte que coûte pour empêcher la construction d’une gare et d’une zone d’activité.
rfi