FRET À L’AIBD : Situation critique au cargo village

Les derniers développements relatifs à la gestion des activités import/export de l’AIBD ne semblent pas être de bon augure pour les opérateurs économiques. En effet, la structuration juridico-technique de l’activité du cargo a engendré un méli-mélo qui, si l’on y prend garde, aura des répercussions dramatiques sur l’ambition du Sénégal de se positionner comme hub ouest-africain.

Il ressort de nos investigations, qu’il était prévu que les activités import / export de l’AIBD soient totalement et exclusivement dévolues à la Zone économique spéciale intégrée (ZESI) attenante à l’AIBD. Cette structuration avait nécessité le lancement d’un appel d’offres restreint, qui a conduit au choix d’un promoteur développeur de la ZESI, intégrant un cargo village sur 15 ha. Les innombrables contraintes dans l’opérationnalisation de l’AIBD ont nécessité la mise en place d’une structure de cargo village provisoire dans l’enceinte du nouvel aéroport, afin de se mettre en phase avec la volonté politique d’ouvrir l’AIBD à la date du 7 décembre 2017.

C’est dans ce contexte, qu’une entreprise sénégalaise, Teyliom en l’occurrence, a consenti à des efforts d’investissement conséquents, d’abord dans l’installation provisoire d’un cargo village, mais aussi et surtout dans la réalisation d’infrastructures définitives avec un engagement d’environ 4,5 milliards de francs et avec à la clé une centaine d’emplois.

Et pourtant depuis le 1er mars dernier, une autre société privée dénommée 2AS s’est arrogée d’autorité le bénéfice des activités jusqu’ici dévolues et prises en charge par Teyliom sur la base de son contrat de promoteur développeur de la ZESI, dont le cœur d’activité demeure le cargo village et son intégration avec l’AIBD et les autres sous-composantes de la zone (industries légères, tic, habitat et agro-industries).

Au-delà des intérêts partisans desdites entreprises privées que sont Teyliom et 2AS il est opportun de s’interroger sur l’avenir du projet de Zone économique spéciale intégrée, qui est aujourd’hui compromis, parce qu’en voie de déconnexion de son catalyseur qu’est l’AIBD. En outre, les emplois créés sont aujourd’hui menacés et les investissements compromis.

Par ailleurs, le nouveau dispositif mis en place ne met absolument pas à l’aise les compagnies aériennes, l’opérateur ne disposant pas d’infrastructures idoines pour réceptionner le fret selon les exigences des compagnies aériennes. Il semblerait que le fret soit entreposé à l’air libre faute de place, nonobstant les pertes et les retards dans les procédures d’enlèvement.

Cerise sur le gâteau, la 2AS ne semble pas avoir les moyens de ses ambitions. En effet, la réunion du conseil d’administration tenue la semaine dernière a décidé du remplacement de l’actuel Directeur général et opposé un refus catégorique à la demande de construction d’un nouveau cargo village.

Pendant ce temps, les autorités sont emmurées dans un silence qui ne va pas dans le sens de clarifier les choses et donner une meilleure visibilité dans les activités import/export à l’AIBD. Une telle confusion ne sert d’ailleurs pas les intérêts du Sénégal par rapport à d’autres destinations concurrentes telles que Praia, Abidjan ou Accra, qui ont d’aussi grandes ambitions que nous, voire plus, et ne pataugent dans des conflits de compétences préjudiciables à l’économie entière.

 

dakaractu