Pour faire face aux migrations irrégulières, la Commission européenne avait proposé en septembre un renforcement considérable à l’horizon 2020 de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (le nouveau nom officiel de Frontex). Mais les pays européens, réunis ce jeudi à Bruxelles, ont freiné les ardeurs de Bruxelles estimant que l’objectif de 10 000 garde-frontières n’est pas réalisable.
L’ambition de l’exécutif européen « dépasse en fait le cadre de ce qui est réalisable », a déclaré le ministre autrichien de l’Intérieur, Herbert Kickl, lors d’une réunion avec ses homologues des pays de l’Union européenne.
« Je pense que ce chiffre de 10 000 est un bon chiffre, mais la question est de savoir dans quel délai et comment on réunit ces 10 000 personnes », a poursuivi le ministre, indiquant qu’il travaillait à un compromis avec les autres pays pour modifier le calendrier du projet.
« Nous ne devons pas faire de promesses utopiques », a mis en garde jeudi le ministre allemand Horst Seehofer, qui soutient comme la France le projet de la Commission, mais en contestant le rythme jugé irréaliste de croissance des effectifs. « 2025 serait un horizon atteignable selon moi pour atteindre les 10 000 », a ajouté le ministre allemand, tandis que l’Autriche a de son côté proposé la date de 2027.
Un mandat élargi
Frontex sera doté d’un mandat très élargi, ce qui lui permettra de participer aux opérations de renvois des migrants irréguliers vers leurs pays d’origine et à intervenir dans des pays non européens, y compris africains.
Le ministre allemand a prévenu que les contrôles aux frontières rétablis dans l’espace Schengen, par la France et l’Allemagne notamment, « ne pourront pas être abandonnés » tant que les frontières extérieures de l’UE ne seront pas mieux protégées.
La souveraineté des frontières remise en cause
Outre les réserves liées aux effectifs, les projets de Bruxelles inquiètent aussi des pays situés aux confins de l’UE, comme l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou la Hongrie, qui craignent d’être privés de la souveraineté sur leurs frontières en cas d’intervention de l’agence européenne.
Les opérations des garde-frontières européens devront toujours se faire sous le contrôle des autorités nationales. Mais une disposition controversée du projet donnerait à la Commission le pouvoir de décider une intervention dans un pays jugé défaillant dans la protection des frontières extérieures, même s’il ne le demande pas.
La Commission européenne a exhorté mardi les Etats membres et le Parlement européen à adopter la nouvelle législation sur les garde-frontières avant les élections européennes de mai prochain.
(Avec AFP)