Gardienne des détroits, la Turquie reconnaît «l’état de guerre» entre Russie et Ukraine

Gardienne des détroits, la Turquie reconnaît «l’état de guerre» entre Russie et Ukraine

La Turquie a officiellement reconnu ce dimanche 27 février « l’état de guerre » entre la Russie et l’Ukraine. Cette reconnaissance l’autorise, en vertu de la convention de Montreux, à limiter l’accès des belligérants aux détroits qui ouvrent vers la mer Noire.

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De notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer

Depuis le début de l’agression russe, l’Ukraine appelle la Turquie à fermer le détroit des Dardanelles et celui du Bosphore aux navires russes. Tout en soutenant Kiev, la Turquie se montrait jusqu’ici particulièrement soucieuse de ne pas fâcher Moscou.

La convention de Montreux de 1936 est claire : en temps de guerre, les navires des puissances belligérantes ont interdiction de circuler dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore, qui permettent le passage de la mer Méditerranée à la mer Noire, et inversement. Et c’est à la Turquie que revient le contrôle de ces voies stratégiques.

La Convention de Montreux détermine l’exercice de la libre circulation dans les détroits turcs des Dardanelles et du Bosphore ainsi que dans la mer Noire.

C’est un texte qui consacre 2 principes fondamentaux

La liberté de circulation
La souveraineté turque sur les Détroits pic.twitter.com/aqDIFrZvym

— Ludovic de Foucaud (@ludovicdf) February 27, 2022
En reconnaissant l’existence d’un « état de guerre » entre la Russie et l’Ukraine, ce qu’elle n’avait pas fait jusqu’ici, la Turquie se déclare donc légitime pour empêcher des bâtiments de guerre russes d’accéder à la mer Noire.

Une exception est inscrite dans la convention : si ces navires regagnent leur port d’attache, auquel cas ils ont le droit de franchir les détroits. Mais pour le reste, le ministre turc des Affaires étrangères a fait savoir qu’Ankara allait « mettre en œuvre dans la transparence toutes les dispositions de la convention de Montreux ».

À court terme, une telle mesure ne réduirait pas significativement la force de frappe de la Russie, qui avait déjà renforcé sa flotte en mer Noire avant d’attaquer l’Ukraine. Symboliquement, toutefois, ce serait la première fois depuis le début de la guerre qu’Ankara agit contre Moscou, alors que la Turquie se refuse, par exemple, aux sanctions.

rfi