Les mots Genre, Egalite, Parité sont aujourd’hui des termes fourre-tout à convenance pour certains, mais de réels dangers pour la quête perpétuelle d’un environnement équitable, égalitaire et de paix durable, où les femmes et les hommes auront les mêmes chances de participer au développement et de jouir des bénéfices de la croissance. (Par Mme Aminata Diouf Ndiaye, Experte en Genre/Titulaire d’un Dess et Imam Malick Sow, Institut Islamique de Dakar)
Accordons-nous sur les termes ! L’égalité sous l’angle sociologique, de par son sens étymologique :
Le Genre n’est pas la femme !
Le Genre n’est pas LGBT !
Le Genre n’est pas homosexualité !
Le Genre s’intéresse exclusivement au variable binaire homme/femme.
Le Genre ne s’intéresse ni aux relations homme/homme encore moins aux relations femme/femme !
Le Genre s’intéressent aux rapports sociaux entre l’homme et la femme !
Evitons les amalgames !
L’Egalité de Sexes (communément appelé l’Egalité de Genre) ne veut pas dire que l’Homme = la Femme comme en mathématique quand on dit que A=B. Evitons la confusion !
L’égalité des sexes ou l’égalité de genre, appelle à l’absence de discrimination sur la base du sexe du fait qu’on est femme, dans la distribution des rôles, des pouvoirs et dans l’accès et le contrôle des opportunités ou dans l’allocation des ressources de manière équitable.
Autrement dit, l’égalité de genre s’oppose tout simplement à l’inégalité de genre, c’est-à-dire l’égalité de genre s’oppose aux disparités d’Avoir, de Pouvoir, d’être Capable en termes d’opportunités, de ressources et de jouissance des bénéfices de la croissance des femmes et des hommes.
La parité est un processus qui mène à l’égalité parfaite de Genre. En sociologie, la parité s’applique à l’éducation, à la politique, dans les postes de décision professionnels. La parité ne veut pas dire que l’Homme = la Femme. Evitons la Confusion !
On parle de parité dans le sens où les hommes et les femmes biologiquement sexués, devraient accéder en binôme de manière équitable, aux moyens de la société afin d’y travailler ensemble au développement durable et communautaire.
Cette reconnaissance que le genre humain est double, pair, (Homme/Femme), invite toute société à se fixer comme objectif, de créer un espace réel commun des hommes et des femmes, où l’égalité des droits et des chances est respectée.
La Parité, c’est l’application équitable de la mixité humaine. La Parité est un principe fondamental de la Démocratie prônée par nos Etats et qui est essentiellement, l’« expression, la participation des hommes et des femmes à la vie de la cité, avec une même égalité de droits, de statuts » !
L’egalité sous l’angle religieux
Au Sénégal qui est à 90% musulman, du point de vue religieux, on peut se référer à l’Islam, la dernière des trois religions révélées.
L’islam a libéré la femme de l’oppression et de la domination des hommes. Une des 114 sourates du Coran porte le nom de La Femme et montre si besoin en était, la place essentielle qu’elle occupe dans l’Islam.
Il est dit en substance dans l’Islam, que la femme et l’homme sont des jumeaux ; ou comme les deux faces d’une pièce de monnaie, ils sont inséparables, chacun complète l’autre. Dieu, l’Exalté, dit dans le Coran : « elles sont pour vous des vêtements et vous aussi, de même pour elles », c’est-à-dire la femme comble les manquements de l’homme et vice-versa. « L’homme qui jouit de ses facultés mentales, ne s’hasarde jamais à se débarrasser de ses vêtements qui cachent ses parties intimes ».
En Islam, l’homme et la femme ont les mêmes origines. Et l’Exalté dit : (dans la sourate Annissa (les femmes)) « Homme craignez Dieu, qui vous a créé à partir d’un seul être et de cet être tira son conjoint». A partir de ce verset, nous voyons que la femme est la sœur de l’homme, son compagnon dans la vie et son conjoint. Entre eux, point de supériorité. Ils sont tous les deux égaux et responsables devant Allah.
En droit Islamique, la charia renseigne que l’homme et la femme sont égaux et ont les mêmes droits humains. Ils bénéficient tous de la dignité humaine, sans tenir compte de leur sexe ni de leur appartenance ethnique ou religieux. Un tel constat nous fait penser au prophète Mouhamed (psl) qui disait :« vous tous, vous êtes issus d’Adam et Adam est issu de la terre, vous êtes au même pied d’égalité».
En Réalité,
Dire aujourd’hui que la Parité ou l’Egalité de Genre est une nécessité de développement, serait un pléonasme ! Les preuves sont multiples et mondiales !
Certes, les progrès en faveur des femmes sont visibles, mais, très lents, conjoncturels, fragmentaires, vraiment en-deçà de nos espérances !
Pis encore, avec l’avènement de la covid-19, il y a une régression sur tous les plans. Les femmes et les filles sont davantage victimes (i) de la mortalité maternelle, de l’excision, d’analphabétisme, d’absentéisme ou d’abandon de l’école ou de l’université, de mariage précoce, de harcèlements, de toutes sortes de violences y compris des viols surtout dans les zones à conflits, (ii) majoritairement du VIH Sida ou des épidémies, car étant pratiquement les seules dans l’économie de soins, et (iii) majoritairement, au chômage, migrantes ou refugiées.
Nous saluons la volonté politique de plusieurs Etats y compris, mon pays le Sénégal, mais il reste beaucoup à faire.
A mon avis, les meilleures portes d’entrée pour l’effectivité des droits de la femme sont, la volonté politique et l’intégration systématique de la dimension genre dans les budgets nationaux.
Fort heureusement, 25 ans après Beijing, cette intégration budgétaire a commencé dans les institutions gouvernementales mais, elle doit être systématique et plus vigoureuse, avec des actions positives en faveur des femmes et des filles pour arriver rapidement à un équilibre équitable.
Je suis fermement pour la parité, mais est-ce à dire :
§ qu’il faut avoir le même nombre d’hommes et de femmes dans toutes les sphères de la société ?
§ qu’il faut avoir le même nombre de femmes et d’hommes dans les listes des partis politiques au niveau local, tout en sachant qu’au niveau local, c’est la représentativité qui doit primer ?
§ qu’il faut autant d’hommes que de femmes aux postes de décision ? Ne devrons-nous pas certes viser sur une discrimination positive des femmes mais aussi et surtout, sur le renforcement réel des capacités des femmes dans tous les domaines, en particulier dans l’alphabétisation et vers l’enseignement supérieur et scientifique ?
Je n’adhère pas à une parité 50/50 partout, pour tout. Cela pourrait être à notre désavantage, car nous sommes plus nombreuses (52 %) que les hommes. Je suis pour une PARITE en termes de Participation égale au développement, je suis pour une Parité basée sur l’Equité et la Qualité.
Conclusion
Revenir aujourd’hui plus de 25 ans après Beijing pour discuter de ces termes, est vraiment regrettable !
Donner des fausses définitions sur ces termes par les uns, intégrer ou vouloir faire obéir à des agendas inavoués autour de ces termes par les autres, sont vraiment regrettables !
Contrôlons tout contenu ou contenant avec ces termes, soyons vigilants et fermes envers tous, mais n’accusons personne sans preuves tangibles, au risque de passer à côté de nos objectifs communs en faveur de la femme et de la fille !
Au nom de la souveraineté nationale, de nos croyances religieuses, de nos valeurs africaines, en hommage à nos braves dames, mères, reine-mère, femme-oreiller avec qui on discutait avant de prendre une décision majeure, femmes combattantes et résistantes, nos femmes pionnières défenseuses et artisanes de la promotion et de l’effectivité des droits de la femme et de la paix durable, n’acceptons pas que les mots « Genre » « Egalite » « Parité » soient galvaudés, par qui que ce soit, ni partenaires techniques ou financiers, ni autres acteurs !
Par
Mme Aminata Diouf Ndiaye
Experte En Genre/Titulaire D’un Dess
en Politiques Sociales et Rapport Sociaux entre les Sexes (genre)
E-mail : aminatadioufndiaye@yahoo.fr
et
Imam Malick Sow
Institut Islamique de Dakar
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