«Gilet jaunes»: Macron court contre la montre pour appliquer ses mesures

Emmanuel Macron a reçu plusieurs ministres lundi 17 décembre pour définir l’organisation du grand débat national. Mercredi 19, ce sont les principales mesures pour le pouvoir d’achat annoncées par le président qui vont être présentées en Conseil des ministres, avec le projet de loi prévoyant notamment de défiscaliser les heures supplémentaires ou encore d’annuler la hausse de la CSG pour les retraités modestes. Le Parlement devra ensuite valider le texte au plus vite, comme le souhaite le chef de l’État, fragilisé par le mouvement des « gilets jaunes ».

Alors que Matignon avait annoncé mardi 18 dans l’après-midi que certaines mesures voulues par le gouvernement allaient être en partie abandonnées, le gouvernement a finalement fait marche-arrière. L’entourage du Premier ministre Edouard Philippe a reconfirmé que les mesures annoncées par celui-ci en novembre, en réponse au mouvement des « gilets jaunes » sont finalement toutes maintenues, « après discussion avec les parlementaires de la majorité ».

Emmanuel Macron a pourtant engagé une course contre la montre pour que les Français constatent au plus vite l’application des mesures promises. Après son examen en Conseil des ministres mercredi 19 au matin, le projet de loi arrivera donc le même après-midi à l’Assemblée nationale. La majorité espère qu’il y aura peu d’amendements pour que le Sénat puisse à son tour s’emparer du texte dès vendredi 21.

D’après nos informations, l’opposition de droite – majoritaire au Sénat – est prête à voter à l’identique le texte du gouvernement : « Responsabilité en temps de crise », justifient les sénateurs Les Républicains (LR), répondant à une directive du président du Sénat lui-même, Gérard Larcher.

Si tout est réglé avant Noël, il faudra encore que l’administration se mette au diapason. Celle-ci fait pourtant l’objet de toutes les critiques au sein de l’exécutif pour son absence de souplesse et de réactivité. Emmanuel Macron a prévenu les parlementaires de la majorité la semaine dernière : « Il ne faut pas se faire rattraper par la machine ». Si les promesses ne sont pas tenues rapidement, le président craint un retour de flammes du mouvement des gilets jaunes.

L’opposition parlementaire loin d’être convaincue sur le « Grand débat national »

Le chef de l’État aurait dû se rendre à Biarritz mardi 18 pour lancer la présidence française du G7, mais il a choisi de rester à Paris pour aider ses ministres à trancher sur les contours que devra prendre la « Grande concertationnationale ». Quatre de ses thèmes ont été : la fiscalité, la transition écologique, l’organisation de l’État, la démocratie et la citoyenneté.

Toutefois, la question de l’organisation de ces débats reste entière. Si la Commission nationale du débat public doit s’en charger, l’opposition reste sceptique sur le bienfondé d’un tel débat.

« Ce débat sera (…) insuffisant », pour certains députés LR

Le patron des députés de la majorité Gilles Le Gendre assure que le « Grand débat national »ne sera pas un meeting politique de la République en Marche (LREM) : « Les Français seront témoins, tous les Français et pas simplement des gilets jaunes, de la sincérité de notre démarche. Et nous sommes redevables auprès des Français d’un débat sincère et authentique, je vous assure que ce sera le cas. »

L’opposition est pourtant loin d’être convaincue. Virginie Duby Muller, députée LR, reste prudente et sceptique : « On voit aujourd’hui qu’il y a une colère qui est profonde et je crois que cette concertation arrivera un petit peu tard, et je ne suis pas sûre que derrière il en découle des propositions ambitieuses et sérieuses. Ce débat sera à mon avis insuffisant pour répondre aux attentes et aux revendications des gilets jaunes. »

Une « volonté » de « remettre en distance ceux qui sont mobilisés », pour La France Insoumise

Alexis Corbière, député de la France insoumise (LFI) se méfie, car il voit derrière ce grand débat la volonté pour l’exécutif de calmer la crise des gilets jaunes sans réellement répondre aux aspirations des manifestants : « Je vois peu d’intérêt à s’investir dans cette discussion qui semble être plus une volonté de refroidir les choses et de remettre en distance ceux qui sont mobilisés afin d’apaiser leur colère momentanément. »

Les contours de cette concertation de trois mois, qui doit démarrer dans les jours prochains dans les mairies, restent encore très flous, tant sur son organisation que sur sa finalité.

 

RFI