«Gilets jaunes»: la justice face à une vague d’interpellations inédite

Plus de 1 000 personnes ont été interpellées samedi lors de l’acte IV de la mobilisation des « gilets jaunes » à Paris. Comment la justice s’organise-t-elle dans ces conditions ? Et quelles seront les suite judiciaires pour les gardés à vue ?

Quelque 1 082 interpellations ont eu lieu à Paris lors de la dernière journée de mobilisation des « gilets jaunes » samedi 8 décembre. Un nombre record qui a conduit à plus de 900 gardes à vue. Ce dimanche soir, plus de 500 étaient toujours en cours. Sur les 396 qui ont été levées, 284 procédures ont été classées sans suite et 108 personnes mises en cause ont été déférés devant le parquet.

Selon le procureur de Paris Rémy Heitz, les profils des personnes placées en garde à vue sont très proches de ceux observés la semaine dernière, à l’issue de « l’acte III » de la mobilisation. Il s’agit majoritairement d’hommes âgés de moins de 40 ans, pour la plupart sans antécédents judiciaires, venus de toutes les régions de France. « Parmi eux, des profils plus marqués, issus manifestement de l’ultra droite ou des rangs de l’ultra gauche », a relevé le procureur de Paris lors d’un point presse.

Les profils de ceux interpellés plus tard dans la soirée étaient différents : il s’agissait cette fois-ci d’hommes plus jeunes, mineurs pour certains, « motivés souvent par une volonté d’appropriation, par la volonté de piller des commerces », a indiqué Rémy Heitz.

Pour faire face à cet afflux de gardés à vue, l’ancien dépôt du tribunal de grande instance de Paris, sur l’île de la Cité, a été réquisitionné. Des officiers de police judiciaire ont également été appelés en renfort pour ne traiter que ces dossiers. Le parquet de Paris lui aussi fonctionne à plein régime. Quinze magistrats étaient présents samedi et même vingt-cinq ce dimanche, au lieu de cinq habituellement.

La majorité des personnes ont été interpellées pour « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations », une infraction relativement floue qui donne souvent lieu à des classements sans suite ou de simples rappels à loi.

« Le rappel à la loi peut être considéré comme une « tape sur les doigts » judiciaire. C’est sans conséquences. Le dispositif pénal permet en fait d’exfiltrer des individus d’une manifestation avec une procédure pénale dont l’issue est accessoire et symbolique », estime Jean-Pierre Colombies, porte-parole de l’Union des policiers nationaux indépendants. En ce qui concerne les faits les plus graves, les comparutions immédiates devant le tribunal devraient s’échelonner jusqu’à mardi.

 

rfi