En Grèce, la campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite. Les élections législatives anticipées sont prévues dimanche 7 juillet. Le candidat favori de ce scrutin, Kyriakos Mitsotakis, a fait un dernier grand discours à Athènes jeudi 4 juillet. Son parti, la Nouvelle Démocratie, défend notamment la réduction des impôts.
Après sa défaite aux élections européennes et locales fin mai, Alexis Tsipras a convoqué le scrutin trois mois avant la fin de son mandat. Mais cette stratégie risque d’être perdante pour le chef du gouvernement de gauche, puisque le parti de droite, la Nouvelle démocratie, est donné vainqueur.
Un leader annoncé comme futur Premier ministre
« Je veux raviver la classe moyenne que Syriza a dissoute, surtaxée jusqu’à extinction. Pourtant, c’est la colonne vertébrale, pas seulement de l’économie, mais de la société elle-même, de la cohésion sociale », a lancé Kyriakos Mitsotakis lors de son dernier grand discours à Athènes.
Le Parthénon en toile de fond, au milieu des drapeaux grecs, le leader du parti conservateur de la Nouvelle Démocratie est annoncé comme le futur Premier ministre, rapporte notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard.
Dix points d’avance d’après les sondages
« Je crois beaucoup en Mitsotakis, car il a de l’expérience, car il vient d’une famille politique comme son père, sa sœur. Il ne peut pas faire de fautes. Il n’a pas le droit », explique Roula, une secrétaire à la retraite à la fin du meeting.
Depuis toujours, elle vote pour le parti conservateur de la Nouvelle Démocratie. « Syriza, ils sont arrivés avec des mensonges, ils ont gouverné et ils partent sans comprendre pourquoi le peuple grec leur montre la sortie », ajoute-t-elle.
Ces derniers jours, les sondages donnent jusqu’à 10 points d’avance au parti conservateur. La majorité actuelle avec Alexis Tsipras à sa tête pourrait bien passer dans l’opposition. Le Premier ministre grec prononcera son dernier discours ce vendredi soir avant les élections.
Réduire les impôts
Le parti de droite qui devrait revenir aux affaires propose de réduire le seuil d’impôt sur le revenu et de progressivement diminuer l’impôt sur les bénéfices des entreprises. Un des principaux reproches adressés aujourd’hui par les petits patrons au gouvernement d’Alexis Tsipras est une pression fiscale trop forte, explique notre envoyée spéciale en Grèce, Anastasia Becchio.
« Tsipras a imposé une vingtaine de taxes et la situation financière de la société a beaucoup été affectée par ces dernières. Une cliente payait 40 à 45% du prix du produit qui allait directement à l’État », confie Vassilis Masselos, gérant de Nota, une entreprise familiale de lingerie féminine. Il emploie 21 personnes en Grèce, 35 dans son usine de Hongrie.
La pression fiscale a également valu plusieurs faillites à Konstantinos Madias, 53 ans, qui a décidé de refaire sa vie au Kenya. « J’ai payé très cher l’expérience Syriza. Aujourd’hui, les taxes prennent 50 à 70% de nos revenus. C’est un frein pour entreprendre », relate l’entrepreneur, qui dû fermer sa bijouterie familiale dans la banlieue sud d’Athènes avant de se lancer dans le commerce de sésame.
Il se retrouve rapidement avec une dette de 300 000 euros. « Pendant que Tsipras et Varoufakis fanfaronnaient, moi j’étais en train de dépérir. Je n’ai pas décollé du canapé pendant trois mois. Cette situation a détruit ma famille. Mon enfant est tombé malade alors que j’avais tout, je me suis retrouvé sans rien », dépeint Konstantinos Madias.
Des pathologies en lien avec la crise
« C’est vrai que la crise économique a donné naissance à de nouveaux problèmes. Quand une personne perd son emploi, si elle a un terrain propice, sa situation mentale peut se détériorer », analyse Katerina Morfoniou, qui vient en aide aux personnes en détresse psychique derrière son micro.
Le studio de radio diffusée sur Internet dans lequel elle exerce est installé au sous-sol de la seule clinique de prévention du suicide de Grèce, dans le centre d’Athènes. Le docteur Kyriakos Katsadoro est à la tête de ce centre.
« Sur la hotline que nous avons mise en place, on reçoit des appels sans arrêt. On fait face à des cas où les personnes qui n’avaient pas de maladie psychique deviennent des patients à tendances suicidaires à cause d’événements économiques stressants qu’ils vivent », souligne Kyriakos Katsadoro.
« Ces dernières années, les suicides ont augmenté, mais c’est aussi les cas de la délinquance ou encore des maladies cardiovasculaires. On a beaucoup de pathologies qui ont clairement un lien avec la crise », ajoute-t-il.
Après avoir diminué en 2016 et 2017, le taux de suicide est reparti à la hausse l’an dernier. Dans un rapport rendu public en novembre, le Conseil de l’Europe notait que les chômeurs ou les hommes d’affaires en faillite de 40 ans et plus, figuraient parmi les nouveaux admis dans les unités psychiatriques.