Depuis plusieurs mois, à l’initiative de Greta Thunberg, une jeune Suédoise de 16 ans, les lycéens et étudiants de Suède, de Belgique, du Canada et, depuis février, de France, appellent à faire la « grève scolaire », tous les vendredis après-midi. L’objectif : sensibiliser les gouvernements pour qu’ils agissent contre le réchauffement climatique. Ce vendredi 15 mars doit marquer un tournant pour leur mobilisation, qui se veut mondiale.
Ce vendredi, l’organisation « Youth for Climate », « la jeunesse pour le climat », organise une grève mondiale. Les jeunes Français, qui étaient jusqu’ici un peu en retard, comptent bien se rattraper.
Un mouvement qui gagne du terrain
A la rentrée scolaire, les étudiants et les lycéens français s’étaient retrouvés autour de luttes plus immédiates, comme la réforme des universités ou l’augmentation des frais de scolarité. Mais désormais, la mobilisation a pris de l’ampleur.
Pour Claire Renauld, étudiante en master de philosophie et porte-parole du mouvement, cette grève est un geste fort, parce que les jeunes d’aujourd’hui représentent la première génération touchée par le changement climatique.
« On veut nous voler notre avenir, dit-elle, et c’est ce qu’on veut dénoncer en faisant grève. Ça ne sert à rien d’aller dans les écoles apprendre un futur qui est en train de se déconstruire sous nos pas. »
Luttes sociales et climatiques sur la même longueur d’onde
Pour les jeunes, justice sociale et justice climatique sont intrinsèquement liés, parce que les précaires et les plus pauvres sont les premiers touchés par le changement climatique, et les coupables sont les mêmes.
Ils appellent donc d’une seule voix à punir pour leur inaction climatique et sociale les entreprises qui en sont responsables. Un message qui a été entendu, puisque samedi 16 mars, trois grandes manifestations vont converger.
La « marche des solidarités », contre la loi asile et immigration, le défilé de « Notre affaire à tous », pour le climat, et enfin les « gilets jaunes » ont en effet prévu de se retrouver au même endroit en début d’après-midi.
Grand débat dans les lycées : une provocation
Alors que les jeunes prévoient cette grève mondiale de longue date, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé en début de semaine que le « grand débat » avec les jeunes se tiendrait justement cet après-midi dans les lycées. Une annonce qui a fâché lycéens et étudiants.
Claire Renauld, porte-parole du mouvement des étudiants et lycéens pour le climat, y voit une réponse « technicienne et infantilisante du gouvernement, inappropriée à l’urgence climatique ». Mais c’est aussi une façon de décrédibiliser ce mouvement prévu depuis des semaines.
Les étudiants dénoncent une éducation qui pousse à la croissance, dans laquelle les autres théories, comme la décroissance, ne sont pas représentées. Donc, ramener le débat dans les classes représente une forme de censure.
Un appel au président Macron
Fondamentalement, cette journée est un appel aux gouvernants. Et via le média BRUT, sur Internet, son initiatrice Greta Thunberg adresse au président Macron un message qui fait consensus chez les jeunes grévistes.
« Vous devez agir maintenant, martèle l’adolescente, parce que si vous ne faites rien maintenant vous allez échouer, et vous passerez pour l’un des pires méchants de l’histoire de l’Humanité. »
Pour les jeunes en lutte pour le climat, cette journée est aussi une action de sensibilisation. Et parce que pour eux, marcher ne suffit pas, ils consacrent la matinée à des actions de désobéissance civile, comme coller des affiches ou bloquer l’entrée d’une entreprise responsable du réchauffement climatique.
Rfi