Guerre commerciale: le conseiller économique de Trump Gary Cohn démissionne

Gary Cohn, le conseiller économique de la Maison Blanche, a présenté sa démission, a annoncé la présidence américaine mardi 6 mars. Cet ancien banquier de Goldman Sachs s’opposait à la décision de Donald Trump d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium. La date de son départ n’a pas été précisée.

« Cela a été un honneur de servir mon pays et de mettre en oeuvre des politiques économiques favorables à la croissance. » C’est par ce communiqué laconique que l’un des piliers les plus stables de la Maison Blanche a confirmé son départ. Âgé de 57 ans, Gary Cohn avait été appelé par Donald Trump dès son investiture, et avait réussi à éviter d’être mêlé aux scandales ou esclandres qui ont ponctué la présidence depuis plus d’un anrappelle notre correspondante à Washington, Anne Corpet.

L’ex-numéro 2 de Goldman Sachs est l’un des principaux artisans de la grande réforme fiscale de l’administration Trump. Finalement promulguée en décembre, celle-ci fait passer de 35% à 21% l’impôt sur les sociétés et leur apportant d’autres avantages dont la possibilité de rapatrier à taux favorable leurs énormes réserves d’argent détenues par leurs filiales à l’étranger.

Mais rester à la Maison Blanche tout en s’opposant à l’idée d’augmenter les taxes sur l’acier et l’aluminium devenait impossible, car Donald Trump lui, y tient.

Le président a répété son intention d’augmenter ces tarifs douaniers lors d’une conférence de presse mardi, à l’occasion de la visite du Premier ministre suédois, au cours de laquelle l’absence de Gary Cohn a d’ailleurs été remarquée.

Les Etats Unis ont été exploités par d’autres pays de manière amicale ou moins amicale depuis de nombreuses décennies. L’Union européenne a été particulièrement rude à l’égard des Etats-Unis. Les Européens font en sorte qu’il est quasiment impossible pour nous de faire des affaires avec eux et pourtant ils nous envoient leurs voitures et tout le reste aux Etats-Unis. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent mais s’ils le font, on mettra alors une grosse taxe de 25% sur leurs voitures et, croyez-moi, ils ne continueront pas à le faire très longtemps. L’Union européenne ne nous a pas bien traité et nous sommes dans une commerciale très très injuste.
Donald Trump: «Nous avons été maltraités pendant des années et que nous n’allons pas nous laisser faire plus longtemps»

Le départ de Gary Cohn, qui devrait être effectif dans les semaines à venir, laissera le champ libre aux partisans d’un protectionnisme renforcé à la Washington. Ironie de l’histoire, sa démission a été annoncée quelques minutes seulement après que Donald Trump a déclaré : « tout le monde veut travailler à la Maison Blanche. Tout le monde rêve de la Maison Blanche. »

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Une démission envisagée depuis des mois

Le rôle de Gary Cohn était avant tout d’assurer les marchés que la politique économique de Donald Trump resterait dans les clous du credo libéral, grâce à son passé chez Goldman Sachs. En prenant les fonctions de directeur de l’influent Conseil économique national (NEC), il avait rassuré les marchés qui voyaient en lui le garant d’une politique économique libérale favorable aux entreprises.

Les divergences étaient apparues au grand jour avec l’affaire des manifestations violentes de suprémacistes blancs de Charlottesville, en Virginie, l’été dernier. Alors que Donald Trump s’enferrait dans des déclarations contradictoires et alambiquées, Gary Cohn, qui est de confession juive, avait affirmé que « les citoyens qui prennent position pour l’égalité et la liberté ne peuvent jamais être mis sur le même plan que les suprémacistes blancs, les néo-nazis et le KKK ».

Selon les médias américains, il avait alors déjà mis à ce moment sa démission dans la balance. Autre sujet de discorde, la décision de Donald Trump de sortir de l’accord de Paris sur le climat. Gary Cohn avait alors fait savoir qu’il ne soutenait pas cette décision.

Gary Cohn passait aux yeux de beaucoup pour avoir des sympathies plutôt démocrates ce qui ne l’avait pas empêché de rejoindre une administration républicaine.

(et avec AFP)