Guerre en Ukraine: les exportations du secteur de la défense russe menacées?

Guerre en Ukraine: les exportations du secteur de la défense russe menacées?

L’économie russe est impactée par les mauvais résultats de son armée en Ukraine. C’est une conséquence possible de la faiblesse de l’industrie militaire de Moscou sur le terrain, constate le ministère britannique de la Défense qui met en doute les capacités d’exportation d’armement de Moscou. Le secteur est aussi frappé par les sanctions, mais ces exportations sont cruciales pour l’économie russe et Moscou devrait tout faire pour les poursuivre.

Malgré les besoins en matériel de l’armée russe, malgré les signes de faiblesse de son équipement connus depuis plusieurs années, en particulier dans la défense aérienne, la Russie ne devrait pas renoncer à exporter, estime Yohan Michel, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies (IISS) à Berlin.

« Ressource » en devises
« C’est une ressource de devise pour elle d’exporter de l’armement à l’étranger. Cela fournit de l’influence sur certains pays et elle a besoin des deux pour à la fois soutenir son économie et une partie de sa politique étrangère. Et donc, elle va sans doute continuer à exporter, même si cela se fait en partie aux dépens de ses propres forces armées »

Certes, les sanctions vont considérablement réduire les revenus. Les Philippines, par exemple, viennent de renoncer à l’achat d’hélicoptères de transport russe. Mais certains clients demeurent : D’autres clients n’ont pas d’autres fournisseurs possibles que la Russie – ou c’est l’un des rares, poursuit le chercheur. On a l’exemple malien de cette semaine : ils ont choisi comme partenaire la Russie, donc ils continueront à attendre des livraisons de matériel russe, qu’il soit de la qualité qu’ils espèrent, ou non. »

Et la corruption
Un autre facteur est susceptible d’encourager les exportations militaires malgré l’invasion de l’Ukraine : la corruption, complète Yohan Michel, qui souligne que si le commerce d’armement est souvent la proie de la corruption, c’est encore plus vrai dans le cas de la Russie, et qu’une exportation d’armements ne relève pas pour l’État, seulement d’un choix rationnel.

En termes de défense aérienne, certains matériels qui avaient été présentés comme particulièrement performant ne semblent pas fonctionner aussi bien que prévu. En Syrie, on avait expliqué que c’était parce que les défenses aériennes n’étaient pas aussi bien intégrées. En Arménie, c’était parce que l’entraînement des servants étaient insuffisants. Et il semblerait que ces systèmes ne fonctionnent pas beaucoup mieux en Ukraine. Donc, on peut commencer à poser la question : « Est-ce que c’est l’entraînement de l’armée russe qui est en question ou les équipements ne sont pas à la hauteur de la communication des industriels russes ? » J’ai tendance à pencher sur la seconde hypothèse.