Guerre en Ukraine: pourquoi le secteur spatial a-t-il déjà beaucoup perdu?

Guerre en Ukraine: pourquoi le secteur spatial a-t-il déjà beaucoup perdu?

Vous ne le savez peut-être pas, mais l’Ukraine est aussi un pays du spatial. Depuis l’invasion russe, le 24 février 2022, cette industrie est à l’arrêt. La guerre met également en péril plus de vingt ans de coopération dans ce secteur entre Européens, Américains et Russes. C’est ce que l’on vous propose de comprendre plus en détail, dans cet épisode, avec Simon Rozé, journaliste au service sciences de RFI.

Dans cet épisode de Témoins d’actu, Simon Rozé, commence par nous rassurer sur ce qui se passe à bord de l’ISS, la Station Spatiale internationale. Elle héberge en ce moment, deux Russes, quatre Américains et un Allemand : « Tout va très bien en haut et ils ont intérêt à ce que ça se passe bien, les tensions qu’il y a sur terre n’ont pour l’instant et a priori, pas de raison de se répercuter à bord de la station ».

Le patron de l’agence spatiale russe, Roscosmos, a pourtant annoncé sur Twitter que le module qui a pour mission de corriger l’altitude de l’ISS pourrait être séparé de la station, mais, explique Simon : « C’est bien plus compliquer que cela parce que tous les modules dépendent les uns des autres. Si les Russes sont en charge de celui qui corrige l’altitude, les Américains, eux, gèrent celui qui fournit de l’électricité et sans elle, le module russe ne pourrait pas vivre ».

En revanche, d’autres partenariats ont déjà pâti de la guerre en Ukraine. C’est le cas de OneWeb, une constellation de satellites de télécommunications : « Tout un lot de satellites devait décoller avec un lanceur Soyouz de la base de Baïkonour au Kazakhstan il y a quelques jours, mais Roscosmos a refusé d’opérer ce vol ».

Idem à Kourou, en Guyane où l’agence spatiale russe a rappelé à Moscou son personnel présent. « C’est embêtant, parce qu’il y a trois vols prévus avec Soyouz et il faut trouver une nouvelle fusée pour ses satellites. Ça ne se fait pas comme ça ».

La mission ExoMars est elle aussi touchée de plein fouet par la guerre en Ukraine. Elle devait envoyer en septembre 2022 le premier rover européen sur la planète Rouge. « Outre la fusée Soyouz, les Russes avaient également en charge la plateforme d’atterrissage, qui devait assurer la dépose de l’engin sur Mars ». « Le programme a déjà explosé tous les budgets à cause des retards accumulés. Trouver un autre partenariat coûterait très cher et prendrait beaucoup de temps ».

L’Ukraine est aussi un grand pays dans le domaine spatial : « Tout n’a pas été détruit, explique Simon Rozé, mais tout est à l’arrêt. Les usines fabriquent notamment des seconds étages pour Vega, qui est le lanceur léger européen. On y fait aussi des moteurs. Là, évidemment, il y a beaucoup d’incertitudes ».

Et Simon conclut : « Le secteur spatial est un secteur où il doit y avoir de la confiance entre les partenaires parce que ce sont des projets très longs qui impliquent beaucoup de monde, beaucoup d’argent. Et quand bien même tout se réglerait aujourd’hui, cette confiance, il faudra la reconstruire, ça va prendre du temps ».

rfi