À la tête d’un groupe d’entreprises qui s’est écroulé comme un château de cartes, l’homme d’affaires ivoirien Charles-Kader Gooré (54ans) accumule des revers judiciaires de Conakry à Abidjan en passant par Accra et Paris. Confidentiel Afrique revient en détails en exclusivité sur le contentieux le plus récent qui l’oppose à l’entrepreneur français Jean-Jacques Grenier, patron de Africa Ports et Airports et ses associés. Enquête exclusive.
Apparemment, la République de Guinée est devenue ces deux dernières décennies au gré des soubresauts tumultueux politico-militaires cet État à « ciel ouvert » où tout s’y côtoie. Le pays offre son hospitalité « débonnaire » et des largesses aux hommes d’affaires et autres investisseurs à la ruée des matières précieuses du pays et d’un business florissant. Beaucoup d’entreprises s’y installent et développent leurs « affaires » sans la moindre mesure de contrôle, ou du moins sans être inquiétés. Ce qui selon des spécialistes de l’environnement des affaires, expliquerait la floraison des sociétés étrangères sur le sol Guinéen. Dans les investigations poussées de Confidentiel Afrique en pleine immersion dans le monde des « affaires » en Guinée, est tombé sur la nébuleuse CKG Group Limited de l’homme d’affaires Ivoirien Charles Kader Gooré. Pour rappel, c’est en 2014, sous le règne flamboyant du déchu Président Alpha CONDÉ que le groupe Charles Kader Gooré international (CKG) a été annoncé pour l’implantation d’une usine d’engrais en Guinée. Le Groupe devrait s’associer à l’espagnol Inagrosa pour créer l’entreprise dénommée Inagrosa West Africa. Selon des informations de Confidentiel Afrique, cette usine devrait produire 150 000 tonnes d’engrais par an, destinée à l’ensemble de la sous-région ouest-africaine. L’investissement a été évalué à 15 millions de dollars US et l’usine devrait être opérationnelle en juillet 2015 selon le cahier des charges avec 60 % de son capital détenu par CKG international et 40 % par Inagrosa. Quelle a été la suite de ce projet ? Nous en savons peu. Malgré nos sollicitations auprès de certaines autorités d’alors très impliquées dans la mise en jeu du « business foiré », l’on s’aperçoit à l’évidence jusque-là, cette usine n’a pas vu le jour en Guinée. En clair, l’homme d’affaires ivoirien Charles-Kader Gooré ( 54 ans) avait vendu du vent aux autorités.
Charles-Kader Gooré, un Vizir « mal-aimé »
À l’image de ce «faux projet » dont a pris connaissance Confidentiel Afrique, l’ivoirien CHARLES KADER GOORÉ, représentant attitré en Afrique de l’Ouest de l’Autorité Publique du Sultanat d’Oman pour la promotion des investissements (PAIPED), a décidé il y a quelques années, à grands tapages publicitaires de mettre sur pied une Chocolaterie avec CHOCODI Côte d’Ivoire pour transformer dans le Sultanat, les fèves marronnes de cacao.
Pour convaincre les partenaires publics Omanais, Charles KADER GOORÉ aurait mis en exergue la production annuelle du Cacao qui place son pays la Côte d’Ivoire au rang de premier producteur mondial. Le coût des investissements a été évalué à 125 millions d’Euros soit 81.875.000.000 (quatre-vingt-un milliards huit cent soixante-quinze millions) de francs CFA.
À la faveur de ces éléments, les autorités omanaises auraient donné leur accord de principe. Malheureusement, malgré les efforts consentis, la Chocolaterie Omanaise promise à Abidjan, est devenue un éléphant tout blanc. Le projet n’a jamais été réalisé. Où sont donc partis les investissements financiers décaissés par le Sultanat?
D’aucuns bien introduits dans les arcanes du business ivoirien doutent que ces fonds soient réinvestis vers d’autres secteurs. Charles KADER GOORÉ, était très présent avec des allers-retours incessants entre Abidjan, Conakry et Paris où il avait fini de tisser sa toile au sein du haut etablishment politico-affairiste.
C’est cette situation qui aurait conduit à la liquidation de SN Chocodi, société spécialisée dans la transformation sur place de la fève de cacao à la Banque Atlantique de Côte d’Ivoire (BACI). Elle a fini par mettre la clé sous le paillasson sur injonction de la Direction Générale des Impôts, sous la supervision de la police, en février 2012. Les portes des bureaux ont été scellées et les travailleurs ont été sommés de rentrer chez eux. Une parenthèse douloureuse dont se souviennent encore les travailleurs.
Selon des informations obtenues par Confidentiel Afrique, l’homme d’affaires ivoirien se serait encore donné le plaisir de vouloir acheter le Club de Football METZ en France. Cette autre entreprise a foiré.
Une licence de téléphonie au Sénégal qui a mal tourné
En 2016, la même société CKG Group, associée au même premier opérateur coréen, Sk Télécom, a demandé la quatrième licence de téléphonie au Sénégal. Le groupe a mis sur la table la bagatelle de 100 milliards de francs CFA sur la table pour la licence universelle unifiée (2G/2, 5G/3G/3G+/4G). Malgré toute l’attention des autorités sénégalaises sur le dossier, le projet n’a jamais abouti. Que s’est-il passé entre l’État du Sénégal et Charles KADER GOORÉ? Cette affaire d’obtention de licence fut classée sans suite.
La même année, l’homme d’affaires ivoirien Charles Kader Gooré était annoncé comme le futur repreneur du RC Lens en France, avec le soutien du Sultanat d’Oman pour l’appuyer. À 24 heures de l’échéance de son offre de rachat, coup de théâtre! Rétropédalage au premier degré avec un projet abandonné dans les valises. Il tente de dépoussiérer les « fameux dossiers », sans suite.
Cette opacité avait poussé Maître Didier Poulmaire, premier avocat contacté par Charles-Kader Gooré pour préparer le projet de reprise, à se retirer de la transaction. «Un contact du milieu de la finance m’a présenté Monsieur Gooré il y a environ un mois. Mais je me suis retiré, car nous n’avions pas la même manière de voir les choses », a-t-on appris chez nos confrères de Sofoot.com.
Dans le cadre du même projet, le même avocat déclarait dans les colonnes de Made In Lens : « Le peu de fois que j’ai vu Charles-Kader Gooré, je ne l’ai pas trouvé d’une très grande transparence.» « Il ne répondait pas bien à nos questions. Je lui avais dit notamment que si les gens d’Oman étaient là, que s’il avait des associés, je voulais les voir. À chaque fois, ça m’a été refusé. Une fois, lors d’un rendez-vous à l’hôtel George V, il m’a dit qu’ils étaient dans leurs chambres. J’ai demandé qu’ils descendent, pour les voir. Ils ne sont jamais descendus et j’ai trouvé ça très bizarre. »
Spirale d’injustice et d’acharnement contre Jean-Jacques Grenier
Selon nos renseignements, c’est le même opérateur ivoirien qui serait l’un des masques cachés de la société IMAAG HOLDING, chargée du programme d’aménagement du centre directionnel de Koloma, en Guinée. À l’écran, c’est un autre Ivoirien du nom de Don Mello qui apparaît comme propriétaire de la société. L’homme est connu pour sa proximité avec l’ex-Président Alpha Condé qui lui aurait ouvert une « mine d’or » en Guinée pour soutenir leur ami commun, l’ancien Président Ivoirien Laurent Gbagbo pendant son séjour à la Cour Pénale Internationale (CPI).
Depuis quelques mois, Charles Kader Gooré, a ouvert une bataille judiciaire, sur fond de campagne médiatique contre Jean-Jacques Grenier, patron d’une société de transport et logistique devant la justice guinéenne au travers de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financière (CRIEF). La démarche peu orthodoxe, jugée « hasardeuse » suscite plusieurs interrogations.
Jean Jacques Grenier qui est un citoyen Français, installé en Guinée depuis 1979, est le patron de la société GETMA, qui opère au port de Conakry. Charles Kader Gooré lui, est propriétaire et Président d’une société française SASU, dénommée CKG International Consulting & Trading au capital de 100.000 Euros dont le siège est dans son appartement parisien au 19 Avenue Léopold II -75016 Paris.
Pourquoi Charles Kader Gooré a choisi de porter plainte à la CRIEF et non auprès du Procureur de Paris, sachant que la plupart de toutes les personnes visées sont des Français et Luxembourgeois ? Quelle est l’origine des fonds détenus par Charles Kader GOORÉ ? Proviennent-ils d’un travail personnel ou en entreprise ? Un faisceau de questionnements que bon nombre d’acteurs africains de l’écosystème financier tentent de démêler l’écheveau. Peine perdue.
Les fins limiers de la sécurité ivoirienne pistent selon des sources bien renseignées les montages financiers qui entourent l’empire Charles Kader Gooré.
Selon nos informations, CKG Holding (Ghana) ou CKG Consulting (France), interviennent auprès d’entreprises européennes implantées dans différents pays d’Afrique de l’Ouest, propose «via des appuis politiques» de prendre une participation au Capital, ou de les racheter avec des capitaux, prend une participation ou verse un acompte financier.
Ses collaborations tournent en eau de boudin le plus souvent et sur fond de plaintes contre les dirigeants et les entreprises partenaires. Une source autorisée a soufflé à Confidentiel Afrique que des juridictions nationales et communautaires sont saisies pour juger des « affaires délicates » comme des faits de pillage des actifs ou de retrait de la société, après des actions juridiques. C’est le cas notamment du Groupe YARA- CHOCODI et plus récemment avec Jean Jacques Grenier et ses associés. L’homme d’affaires ivoirien vient d’essuyer un revers judiciaire devant la juridiction financière compétente de Conakry dans un contentieux l’opposant à Jean-Jacques Grenier et ses associés. Confidentiel Afrique s’est procuré une décision de justice du Tribunal de Conakry rendue le 23 décembre 2022 et qui condamne la partie civile aux frais et dépens envers l’État. Dans ce document en possession de Confidentiel Afrique, le jugement sur l’action publique
renvoie jean Jacques GRENIER, Olivier RUTH, Christian MONTEFORT et Sébastien VACHON des fins de la poursuite pour escroquerie,de tentative d’escroquerie, de
complicité d’escroquerie, de blanchiment d’argent et associations de malfaiteurs non établis. Sur l’action civile,
-Vu l’article 7 du Code de procédure pénale, déclare la société CKG Group Limited, représentée par son PDG Charles Kader GOORE, irrecevable en sa constitution de partie civile
– Condamne la partie civile aux frais et dépens envers l’ État;
Par application des articles 7,50,544,550 et 564 du CPP; 3 et 16 du protocole d’accord du 28 décembre 2012; ainsi fait jugé et prononcé par la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières en son audience publique tenue à la date que dessus.
Et on signé le Président, les accesseurs et la greffière qui y avaient siégé pour juger ce contentieux judiciaire sans fin.
Tel un rouleau compresseur, l’entrepreneur Jean Jacques Grenier subit un acharnement et un bras de fer tous azimuts dans l’optique de l’intimider et de l’asphyxier. Quelles sont les mains qui se cachent derrière cette grosse cabale de dénigrement? Dans nos investigations, plusieurs noms reviennent. De gros pontes du business local sont indexés. Le tandem Ali Saadi-Taher, réputés proches du Hezbollah et un autre gros ponte du palais qui fait la pluie et le beau temps constituent le noyau dur pour « couler » les investissements de Jean-Jacques Grenier en Guinée. Une bataille rude autour d’un gros et juteux fromage qu’ils veulent à tout prix se l’ofrrir. Selon des informations crédibles exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, l’idylle Jean-Jacques Grenier- Mamadou GUEYE, homme d’affaires sénégalais et PDG de CSTT-AO-Afrilog a pris fin. Révélé en exclusivité il ya quelques mois par Confidentiel Afrique, le retrait de la société CSTT-AO du Consortium d’entreprises nationales dénommée COSENI avait jeté le discrédit sur le terminal pétrolier et gazier du Port autonome de Dakar. Nos sources renseignent que Jean-Jacques Grenier avait même différé sa signature de partenariat du groupe.
Par Hugues DESORMAUX et Pierre RENÉ (Confidentiel Afrique)