Hôpital public : le gouvernement français promet 1,5 milliard d’euros de rallonge budgétaire

Après plusieurs mois de grève du personnel de l’hôpital public, le gouvernement français a annoncé mercredi une enveloppe de 1,5 milliard d’euros supplémentaires sur trois ans, des primes pour des aides-soignants et infirmiers, ainsi que la reprise d’un tiers de la dette des établissements.
Il aura fallu huit mois de grève pour que le gouvernement entende la détresse des personnels hospitaliers. Édouard Philippe et Agnès Buzyn ont présenté mercredi 20 novembre leur “plan d’urgence” pour l’hôpital public”. Le Premier ministre et la ministre de la Santé ont annoncé des primes pour les personnels, une rallonge budgétaire et une reprise partielle de la dette des établissements.

Emmanuel Macron avait promis jeudi dernier des “décisions fortes” pour l’hôpital alors même que plusieurs milliers de chefs de service, médecins, infirmiers, aide-soignants et internes manifestaient partout en France. “La situation est encore plus grave que celle que nous avions analysée”, avait admis le chef de l’État.

Une enveloppe de 1,5 milliard d’euros supplémentaires sur trois ans est finalement dégagée pour le budget des hôpitaux. Cette rallonge “sera votée dès la semaine prochaine” au Parlement, a précisé Édouard Philippe. Quelque 300 millions d’euros seront débloqués dès 2020.

Le gouvernement promet également une prime annuelle de 800 euros net, qui sera versée de façon “pérenne” à 40 000 aides-soignants et infirmiers qui vivent à Paris ou à proximité, et gagnent moins de 1 900 euros par mois. “Nous devons reconnaître la situation spécifique de Paris et de la petite couronne”, où le logement ou la garde des enfants “pèsent de manière déraisonnable dans le pouvoir d’achat de certains soignants”, a souligné Agnès Buzyn.

Quant à la dette des hôpitaux, elle sera allégée de 10 milliards d’euros sur trois ans, sur les 30 milliards de dette qui pèsent sur les établissements publics hospitaliers. Ce geste du gouvernement devrait permettre d’alléger les intérêts de l’emprunt.

“Investir plus fortement”

À moins de trois semaines d’une grève illimitée contre sa réforme des retraites, le président de la République a dit avoir “entendu la colère et l’indignation” de l’hôpital. Pourtant, il n’entend pas modifier sa prescription : le plan “Ma santé 2022”, qu’il a lui-même présenté en septembre 2018, “va dans la bonne direction mais ne va pas assez vite”, a-t-il affirmé.

>> À voir : “Urgences en France, le blues des blouses blanches”

Il a donc demandé au gouvernement une “accélération” pour “investir plus fortement”. Les annonces de la ministre de la Santé en juin et en septembre, chiffrées à 750 millions d’euros sur trois ans, n’avaient pas suffi à mettre fin à la grève inédite des urgences démarrée en mars. En tête des revendications : hausse des salaires, augmentation des effectifs et arrêt des fermeture de lits.

Parti de la capitale, le mouvement s’est étendu à toute la France avec 268 établissements touchés en fin de semaine dernière. Ce conflit, qui ne concernait à l’origine que des soignants, a coagulé tous les mécontentements de l’hôpital et fédéré l’ensemble des syndicats. Même les médecins ont fini par s’y joindre en septembre au sein d’un autre Collectif inter-hôpitaux, qui appelle à une nouvelle manifestation le 30 novembre, dix jours avant une grève illimitée des internes.