Le géant chinois des télécoms annonce qu’il porte plainte contre le gouvernement américain pour « inconstitutionnalité ». Des poursuites en justice ont été engagées afin d’obtenir la levée de l’interdiction faite aux agences fédérales et à leurs sous-traitants d’utiliser les produits du groupe chinois, démentant une nouvelle fois les accusations d’espionnage lancées par Washington.
De notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Après la bataille médiatique, c’est sur le terrain judiciaire que le groupe chinois a décidé de risposter au gouvernement américain. Costumes sombres, chemises blanches, six responsables de l’équipementier chinois ont pris le micro ce matin lors de la conférence de presse organisée au siège du groupe à Shenzhen. Le président du groupe Guo Ping prend la parole pour expliquer la poursuite judiciaire : « Nous sommes obligés d’engager cette action en justice en dernier recours. Cette interdiction est non seulement illégale, mais elle empêche également Huawei de bénéficier des mêmes conditions sur le marché américain, ce qui nuit non seulement aux intérêts du groupe, mais également à ceux des consommateurs aux Etats-Unis. »
Des attaques inconstitutionnelles
Leur premier argument pour porter plainte contre le gouvernement américain est de dire que les attaques du gouvernement sont inconstitutionnelles et ne respectent pas la séparation des pouvoirs aux Etats-Unis. Le deuxième argument exposé dans cette plainte déposée devant un tribunal du district américain de Plano au Texas est que Washington fait pression sur ses alliés pour bloquer l’équipementier au nom d’une « menace à la sécurité nationale » sans rien pour l’appuyer.
Affaire Huawei : pourquoi les Chinois font-ils si peur?
« Voilà longtemps que le gouvernement américain considère Huawei comme une menace, affirme en substance Guo Ping. Nos serveurs ont été hackés, on nous a volé nos emails et notre code source. Malgré cela, poursuit le président tournant de l’équipementier chinois, les autorités américaines n’ont jamais pu fournir de preuve à leurs accusations. »
Le Canada poursuivit également
Il y a deux jours déjà, la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou, arrêtée au Canada sur demande des Etats-Unis, a poursuivi le Canada en justice.
Cette nouvelle plainte est doublée d’une communication de crise à l’échelle planétaire : inauguration d’un centre de cybersécurité à Bruxelles mardi 5 mars, campagne d’affichage, tribune dans un quotidien américain.
« Les restrictions imposées par Washington empêchent les consommateurs américains, notamment dans les zones rurales, de bénéficier d’un accès à l’internet et aux technologies les plus avancées comme la 5G, a rappelé la direction du groupe ce jeudi 7 mars, et de réduire le coût de l’infrastructure sans fil de 15 à 40 % aux Etats-Unis. »
Rfi