D’après nos confrères de L’Obs, la sortie de l’Ambassadeur de France, Philippe Lalliot, sur le Train express régional (Ter), affirmant que son exploitation commerciale ne saurait être pour avril, n’a pas bien été appréciée par les autorités sénégalaises. Elles auraient envoyé une lettre de protestation à l’Etat français. Un fait rare qui mérite que l’on s’y attarde.
En effet, notre première préoccupation est de savoir comment se fait-il qu’un diplomate d’un pays étranger se prononce sur un projet public de l’Etat du Sénégal ?
Notre seconde question est de savoir si un diplomate d’un pays tiers accrédité au Sénégal est obligé de porter la communication du Gouvernement du Sénégal en s’y conformant ?
En d’autres termes, un diplomate ne peut-il pas simplement dire la vérité ?
En réponse à la première question, on peut avancer que le Ter est un projet public sénégalais qui est un Etat souverain. A ce propos, toute communication portant sur le sujet, fut-elle tortueuse, doit être laissée à l’Etat du Sénégal.
Cependant, dans ce projet, c’est le trésor public français qui a mis la main à la poche, même si le Sénégal devra ensuite rembourser. C’est peut-être cela que l’Ambassadeur, au nom de l’Etat français, a voulu exprimer.
Et c’est peut-être ce qui répond à la seconde question : L’engagement de la France, ici, en termes de dotation de fonds, de la nationalité de l’entreprise maitresse d’œuvre, lui donne un droit de regard et de communication, étant entendu que c’est la crédibilité du label français qui est en jeu.
Il nous semble, en effet, que la France n’a pas du tout apprécié les atermoiements du Sénégal au niveau de la communication s’agissant du Ter alors que c’est une entreprise française qui est engagée avec des fonds français.
En s’exprimant sur la question, l’Ambassadeur a bien pesé le pour et le contre. Il a pesé ses mots. Il a obéi à l’exigence d’une forme de communication dont l’objectif est justement de dire la vérité sur une question qui commençait à agacer. Car, les nombreuses dates de démarrage données sur le Ter n’ont pas été respectées par le Sénégal qui a déjà inauguré un ouvrage qui n’est pas achevé.
En clair, si nous voulons être respectés et considérés par nos partenaires, nous devons réévaluer nos rapports avec eux. Ce qui signifie un bon cadrage des projets avec comme soubassement un esprit gagnant-gagnant.
Or, s’agissant du Ter, l’opportunité de sa mise en œuvre est discutable ainsi que son coût.
Aujourd’hui qu’il est là, on n’a pas à continuer à berner les populations par de fausses dates qui ne seront jamais respectées. Il fallait bien que quelqu’un dise la vérité sur cette question.
La diplomatie ne signifie pas la complicité, même si dans cette affaire, la France n’est pas complétement innocente.
Elle pouvait parler aux autorités sénégalaises, leur dire, par les voies diplomatiques ordinaires, ses exigences en matière de communication sur ce dossier au lieu de réagir par le même canal des médias.
Curieusement, là, nous avons un cas d’école assez intéressant : On va voir si le régime de Macky qui a domestiqué ses opposants, fragilisé la société civile et emprisonné ses activistes, va réussir à faire taire les diplomates.
Car, croyons-nous savoir, les diplomates expriment les positions de leurs gouvernements et non pas celles de leur Etat d’accueil.
Même si la diplomatie, c’est la courtoisie, il faut de temps en temps se dire la vérité.
Et celle-ci est que le Ter a mis beaucoup de gens à terre.