Une fuite de gaz est survenue dans une usine de fabrication de composants plastique, ce jeudi 7 mai au milieu de la nuit à Vishakapatnam, la capitale de l’État de l’Andhra Pradesh, au sud de l’Inde. Au moins 11 personnes ont péri et un millier d’autres ont été hospitalisées. Plus de 3 000 personnes sont en cours d’évacuation pour éviter de nouvelles contagions.
La fuite a eu lieu vers 3 heures du matin dans l’usine de fabrication de produits en plastique de la compagnie sud-coréenne LG Polymers. L’usine est située proche d’un quartier résidentiel de Vishwanapatnam, la capitale de l’État méridional de l’Andhra Pradesh.
Le site était fermé depuis un mois à cause du confinement. Il était en train de relancer sa production quand un liquide toxique a fui et s’est transformé en gaz, du styrène, rapporte notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis.
L’Inde est confinée depuis fin mars pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus et de larges pans de son économie tournent au ralenti, voire sont complètement à l’arrêt.
Dizaines de personnes qui s’effondrent au sol
Le ministre régional de l’Industrie assure que la fuite a rapidement été stoppée, mais les effets sont déjà désastreux pour les milliers de personnes qui vivent autour : sur des images, on peut en voir des dizaines s’effondrer au sol en sortant de chez elles, d’autres allongées, inconscientes, ou souffrant de nausées et d’asphyxie.
Les autorités disent forcer maintenant les portes des maisons des alentours pour pouvoir secourir les personnes évanouies et elles sont en train d’évacuer plus de 3 000 résidents.
Situation « sous contrôle », selon la compagnie sud-coréenne
En fin de matinée heure indienne, la situation était « sous contrôle », a affirmé la maison-mère sud-coréenne de l’usine dans un communiqué, indiquant enquêter pour « connaître l’étendue des dégâts et la cause exacte de la fuite et des décès ».
LG Polymers India se présente sur son site comme l’un des principaux producteurs de polystyrène et de polystyrène expansible du pays de 1,3 milliard d’habitants. La nature du gaz qui s’est échappé n’a pas été précisée dans l’immédiat.
Les autorités ont évacué 3 000 à 4 000 personnes de villages situés dans un rayon d’1 à 1,5 kilomètre autour de l’usine. « Nous pouvons confirmer six décès jusqu’ici, a déclaré à l’AFP RK Meena, haut responsable de la police de Visakhapatnam. Quatre personnes sont mortes à l’hôpital. Et deux autres personnes ont péri en essayant de fuir le village : l’une est tombée dans un puits et l’autre du quatrième étage d’un bâtiment. »
Les hôpitaux de la zone ont admis au moins 1 000 blessés, a indiqué le Dr B. K. Naik, coordinateur des hôpitaux du district, en disant craindre que le bilan humain ne s’aggrave fortement. « Il est toujours tôt le matin et il y a des gens dormant dans leur maison et qui sont inconscients », a-t-il expliqué à l’AFP, ajoutant que les autorités menaient actuellement des recherches maison par maison.
Spectre de la catastrophe de Bhopal
Pour de nombreux Indiens, cette fuite réveille de sinistres souvenirs. Le pays d’Asie du Sud a été le théâtre en décembre 1984 d’un des pires accidents industriels de l’Histoire, lorsque 40 tonnes de gaz s’étaient échappées d’une usine de pesticides de la ville de Bhopal (centre).
Quelque 3 500 personnes avaient péri en quelques jours, principalement dans des bidonvilles situés autour de cette usine d’Union Carbide, et des milliers d’autres dans les années qui ont suivi.
RFI