Le projet dont les travaux ont été lancés le lundi dernier, traduit une volonté manifeste de voler au secours des Sénégalais. Birane Yaya Wane, président du Conseil national des dirigeants d’entreprise du Sénégal (Cndes), Innovation-croissance est de cet avis. Celui-ci, dans un entretien qu’il a accordé, dit craindre que ce projet dont les travaux ont été lancés il y a quelques jours, ne connaisse les mêmes difficultés que la compagnie aérienne nationale et le Cosama (Consortium sénégalais des activités maritimes).
‘’J’ai entendu dire que le secteur privé va contribuer à hauteur de 33 à 40 milliards dans le financement du projet du Brt, mais moi je n’ai eu que des échos sur ça. Cela me pousse à dire que le gouvernement Sénégalais a un problème au niveau de son secteur privé. Et c’est de la faute de l’Etat (…). On risque de revivre la même expérience dans ce projet Brt qu’à la création de la compagnie nationale Air Sénégal et celui du transport maritime Cosama (Consortium sénégalais des activités maritimes). Tout cela parce que nos autorités étatiques n’ont pas associé les vrais acteurs dudit secteur’’, a confié ce mercredi 30 octobre 2019, M. Wane.
Opérateur économique, donc membre du secteur privé Sénégalais, il a estimé que ‘’le président Macky Sall doit réparer, aujourd’hui, beaucoup d’injustices. Il y en a beaucoup. Et cela touche même le choix fait lors des nominations des directeurs généraux. Ce qui fait qu’aujourd’hui, c’est du ‘’sur place’’. On fait semblant de progresser, on mime, alors qu’on est toujours à la case départ. Et cela est un véritable problème. Et là, c’est l’acteur économique qui parle. Ce n’est pas sous un simple coup de tête qu’on démarre un projet. Il faut connaître les tenants et les aboutissants. Un projet comme celui concernant le Brt, ne devrait connaître de démarrage sans que le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, Dame Diop, n’y soit impliqué à fond. Dans ce projet on devrait parler de transfert de technologie, sinon on aura demain des problèmes même pour changer une ampoule. Des ouvriers sénégalais désignés par le ministère de la Formation professionnelle devraient même maîtriser la phase de fabrication de ces Brt’’, a-t-il confié.
‘’On fait semblant de progresser, on mime, alors que…’’
Il a aussi indiqué que ses semblables et lui sont d’avis ‘’que le démarrage de projets d’envergure de cette nature nécessite des préalables. L’Etat se devait auparavant d’inviter tous les acteurs concernés pour recenser les idées. Des recommandations qui seront issues de ces rencontres vont permettre d’avoir des résultats probants. Mais ce que l’on peut remarquer, c’est que le secteur privé n’est ni impliqué ni consulté ni informé quand de tels projets sont initiés. C’est souvent des projets qui nous intéressent nous qui sommes les opérateurs, les acteurs directs. Je détiens la première gare routière du Sénégal, mais je n’ai pas été invité à cette rencontre. Comment expliquer pourquoi dans la réalisation des projets de cette nature qui nécessitent du savoir, de la technicité, les personnes qui s’y connaissent le mieux ne sont pas impliquées ? Ce sont, par contre, de simples théoriciens, des gens qui ne savent que blablater qui sont conviés. Je trouve anormal que, nous qui sommes promoteurs dans le secteur des transports terrestres et maritimes, ne soyons pas invités au lancement de ce projet. Il y a beaucoup de ces fonctionnaires qui n’aiment avoir comme collaborateurs que des béni-oui-oui. Cela ne favorise pas le développement d’un pays’’.
Poursuivant, il trouve ‘’inconcevable que l’Etat lance les travaux d’un secteur comme le Brt (Bus de transit rapide) sans y impliquer son secteur privé. Secteur qui a des acteurs économiques opérationnels pour recueillir leurs avis. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, tous les projets initiés se soldent majoritairement par des échecs’’, regrette-t-il.
Birane Yaya Wane a, en outre, estimé que ‘’tout ce qui est conçu pour alléger les souffrances des Sénégalais de la banlieue et de Dakar, dans leur mobilité, mérite d’être salué. C’est dire donc qu’on ne peut que nous féliciter de ce projet. L’on peut, maintenant se poser la question de savoir si c’était une priorité ou non’’.