Institutions, Justice, Administration : Les mesures de rupture de Sonko

Le candidat Ousmane Sonko a dévoilé, cet après-midi, son programme intitulé ‘’Jotna’’, par l’intermédiaire de Bassirou Diomaye Faye, le présentateur. Plusieurs mesures ont été annoncées dans divers domaines.

Sur le plan politique, le leader du Pastef entend démissionner de son parti s’il est élu chef de l’Etat, comme il a été recommandé lors des Assises nationales en 2009. L’objectif d’une telle mesure s’explique, selon la coalition Sonko2019, par la nécessité, pour le président de la République, de garder sa neutralité et surtout de se concentrer sur les préoccupations de l’Etat. ‘’Des actions politiques sont souvent tenues au palais qui devait être le lieu des activités  républicaines’’, souligne M. Faye.

Ousmane Sonko promet également de supprimer les fonds politiques ainsi  que des institutions considérées comme budgétivores et confiées actuellement aux alliées du Président Macky Sall. Il s’agit du Haut conseil des collectivités territoriales dirigé par le socialiste Ousmane Tanor Dieng, le Conseil économique, social et environnemental, avec à sa tête Aminata Tall et du Haut conseil pour le dialogue social confié à l’ancien ministre sous Wade, Innocence Ntap Ndiaye. L’objectif d’une telle décision est, selon le candidat, d’optimiser les finances publiques.

Sur le plan judiciaire, Sonko prévoit de retirer l’Exécutif du Conseil supérieur de la magistrature. A propos toujours de dépendance, il s’est engagé à supprimer la tutelle fonctionnelle du ministère de la Justice sur le parquet pour consacrer l’autonomie du procureur. Il est aussi prévu l’institution d’un juge des libertés, afin de réduire les mandats de dépôt et respecter les droits humains.

S’agissant de l’Administration publique, les directeurs et directeurs généraux seront désormais nommés sur la base d’un appel à candidature. Ensuite, interdiction leur sera faite de toute implication dans la vie politique. Le but étant de promouvoir le mérite et la compétence, tout en luttant contre la politisation de l’Administration.

Un programme économique

De la production à la commercialisation, en passant par la transformation, le candidat Ousmane Sonko a présenté son programme. Lequel entend également conquérir la souveraineté économique du pays.

Le candidat Ousmane Sonko a livré son programme, ce vendredi. Un programme qui s’appuie essentiellement sur le volet  économique. Pour développer le pays, le leader du Pastef pense que la seule voie reste l’industrialisation. Sonko prévoit ainsi 6 pôles économiques, avec des zones industrielles et des centres de formation dans  ces zones, le tout accompagné de blocs de métiers bien définis et adaptés aux potentiels de chaque pôle. ‘’Pour réduire le déficit de la balance commerciale, nous devons transformer et ajouter de la valeur’’, souligne le présentateur Bassirou Diomaye Faye. Viendra ensuite le secteur tertiaire, avec une place de choix des nationaux dans la distribution.

Mais avant cela, des mesures fortes seront prises dans le secteur primaire pour qu’il y ait de la matière première pour les industries. ‘’L’industrialisation doit être portée par des filières fortes de l’agriculture’’, souligne Sonko. Ainsi, le projet de revitalisation des vallées fossiles sera relancé pour booster l’agriculture et l’élevage, les eaux territoriales seront réservées à la pêche artisanale. La surface va passer de 6 000 nautiques actuellement à 12 000 nautiques, pour que les pêcheurs ne soient plus obligés d’aller chercher du poisson dans les côtes des pays voisins.

Mais il faudra gagner auparavant le combat de la souveraineté économique. ‘’La mère des batailles est la bataille économique’’, indique Ousmane Sonko dans un point de presse après  présentation. Pour cela, les contrats et conventions jugés défavorables à l’Etat seront audités et renégociés. Il y aura aussi un plan de sortie ‘’prudente’’ de la zone Cfa. ‘’Nous allons d’abord compter sur la création de la monnaie unique dans l’espace Cedeao, même si l’échéance ne cesse d’être reportée. A défaut, nous allons sortir la France du Cfa. Si ces deux solutions ne marchent pas, nous allons vers la création de notre monnaie nationale’’, indique Bassirou Diomaye Faye devant Ousmane Sonko.

A cela s’ajoute la mise en place d’un fonds patriotique sectoriel pour financer les Pme et Pmi. Le candidat prévoit 25 milliards par an, soit 125 milliards sur les 5 ans au bénéfice des Pme. Sur la provenance de cet argent, Bassirou Faye indique : ‘’Si on supprime le Hcct et le Cese, les Sénégalais ne se rendront même pas compte de la suppression. Et pourtant, cela fait une économie de 15 milliards, sans parler des 85 ministres conseillers.’’

Toujours au chapitre des mobilisations de ressources, il est prévu un fonds de pension et un autre dit  d’investissement pour la diaspora. ‘’Il y a 3 millions de Sénégalais à l’étranger. Si 100 000 acceptent de donner chacun 1 million, ça fait 100 milliards’’, indique Faye. L’Etat prendra également une garantie souveraine au profit du privé national. Et pour éviter de la redondance notée entre le Fonsis, le Fongib, la Bnde et la Der, Sonko compte rationaliser le schéma institutionnel de financement autour de la Caisse des dépôts et consignation (Cdc).

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