Invasion de criquets au Kenya: l’effroi des habitants d’Isiolo

L’Afrique de l’Est est confrontée à la pire invasion de criquets pèlerins depuis plusieurs décennies. Les pluies exceptionnelles des derniers mois ont favorisé la formation de grands essaims qui ravagent les cultures et les pâturages. Au Kenya, un tel phénomène n’avait pas été observé depuis 1961. Les habitants ont été totalement surpris de voir des nuées s’abattre sur eux. Reportage dans la région d’Isiolo, au nord de Nairobi.

Joshua Moussa regarde une vidéo, des millions de criquets qui ont envahi son village deux jours plus tôt. Ce chauffeur de taxi vit à Kiachuru, une localité où personne n’avait jamais vu un tel phénomène.

« On a vu comme un nuage très bruyant fondre sur nous, raconte-t-il. C’est la première fois qu’on voyait ça. Les gens étaient très surpris, les enfants et les animaux fuyaient. On tapait dans nos mains, on klaxonnait, on criait « hey hey » pour faire fuir les criquets. Quand ils quittaient un arbre, il n’y avait plus de feuilles dessus, plus rien. »

Au Kenya, le dernier phénomène de cette ampleur date de plus d’un demi-siècle. Seuls quelques anciens se souviennent de l’invasion de 1961. Habitant du village voisin de Yegabarsati, Abdirahman Yussuf, 75 ans, en garde un vif souvenir : « J’avais 14 ans. Les criquets sont arrivés et les gens avaient paniqué. Les colons britanniques nous ont donné de l’insecticide et tout le village avait pulvérisé. Les gens d’ici sont trop jeunes pour avoir connu ça. L’autre jour, c’était la première fois que je revoyais les criquets. Et ça a créé la même panique qu’il y a 60 ans. »

La nuée longue de plusieurs kilomètres était composée de plusieurs millions d’insectes. Partout où les acridiens se sont posés, l’herbe verte a disparu, comme après une sécheresse. Or la zone est habitée principalement d’éleveurs. Godana Waryo, 23 ans, possède des chèvres et il s’inquiète. « On a peur pour la nourriture du bétail. S’il n’y a pas assez de pâturage, les chèvres et les vaches vont mourir. Les animaux qui ne mourront pas vont maigrir et perdre de leur valeur », confie-t-il.

Le gouvernement a mis en place des équipes pour traquer les criquets, des avions les bombardent d’insecticide. Quant aux dégâts, ils n’ont pas encore été évalués. S’ils sont trop importants, le pays risque une crise alimentaire.