Après un an de blocage politique, marqué par des violences ces derniers mois, un président de la République a été élu par le Parlement irakien, jeudi 13 octobre. Une élection attendue, car elle représente une avancée pour sortir de l’immobilisme.
De notre correspondante à Bagdad,
Le nouveau président de la République Abdel Latif Rachid n’était pas du tout le candidat pressenti pour le poste au départ. Il n’était pas le choix de l’Union patriotique du Kurdistan, le parti dont sont traditionnellement issus les présidents irakiens. C’était le cas de Barham Saleh, le président sortant qui était candidat à sa réélection. Abdel Latif Rachid, lui, se présentait en indépendant, et l’autre mouvance kurde très influente, le Parti démocratique du Kurdistan a accepté de retirer son candidat à son profit.
Dans un Parlement très divisé, il a incarné le compromis pour avancer. La majorité chiite au Parlement rassemblée autour du Cadre de coordination a donc décidé de casser ces codes, notamment pour bénéficier du poids politique que représente ce parti kurde. Et ainsi obtenir la désignation de leur candidat Mohamed Chia al-Soudani au poste de Premier ministre.
Vers une sortie de crise ?
Et c’est surtout lui, le Premier ministre désigné, Mohamed Chia al-Soudani, qui est observé depuis l’élection, beaucoup plus que Latif Rachid. Le véritable homme fort en Irak, c’est en effet le Premier ministre. La désignation de Mohamed Chia al-Soudani marquerait donc potentiellement davantage une sortie de crise. Mais cela ne sera le cas que s’il parvient à former un gouvernement. Il a jusqu’au 12 novembre pour le faire et rien n’est réellement gagné.
Les alliances ont été élargies pour lui assurer une désignation, il faut maintenant qu’il arrive à composer un gouvernement qui conviendra à ses alliés et obtenir 165 voix de soutiens au Parlement pour confirmer son cabinet.
Durant le week-end, il a attiré l’attention en présentant six grands points de son programme dans lequel il assure que sa priorité sera de s’attaquer à la corruption et une première affaire a été rendue publique dans la foulée. Cinq entreprises auraient détourné 2 milliards et demi de dollars en utilisant le compte du commissariat général des impôts. Il a affirmé sa volonté de faire toute la lumière sur l’affaire
Surprise de la fin de semaine
Quatre jours après les élections, la situation semble s’être calmée dans le pays, l’opposition sadriste n’a pas bougé. On se souvient des partisans du leader chiite Moqtada el-Sadr occupant le Parlement cet été pour empêcher la désignation justement de Mohamed Chia al-Soudani comme Premier ministre.
La veille de la session parlementaire, jeudi 13 octobre, toutes les rues menant à la zone verte où se trouve le Parlement avaient été préventivement fermée. Mais aucun appel à manifester n’a été lancé. Un simple communiqué des proches de Moqtada al-Sadr a été diffusé sur les réseaux sociaux ce week-end appelant les alliés actuels ou anciens du camp sadriste à ne pas rejoindre le gouvernement de Mohamed Chia al-Soudani.
Mais en Irak, il est de coutume de dire que la situation peut changer d’un instant à l’autre.